Les parcours des présidents de la Communauté sépharade du Québec : entrevue avec la présidente de ce projet, Arielle Sebah Lasry

Elias Levy

Elias Levy

 

 

 

 

 

Arielle Sebah-Lasry
est la présidente d’un projet mémoriel inédit : la publication d’un ouvrage collectif qui retracera les mandats respectifs des présidents de la commu-nauté sépharade du Québec au tra-vers de leurs réalisations et défis.
Cette bénévole remarquable nous ex-plique pourquoi elle considère ce pro-jet comme fondamental pour l’histoire de notre communauté.

 

 

 

Comment est née l’idée de ce projet?

Il y a une quinzaine d’années, alors que je coprésidais un programme de formation de leadership offert par la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), j’avais constaté que les jeunes leaders n’étaient pas au fait des réalisations accomplies par la communauté sépharade depuis sa fondation, il y a 60 ans. Une méconnaissance absolue non seulement de ces réalisations, mais aussi des équipes de bénévoles et de leurs présidents, à l’origine de ces réalisations.
Le déclic de ce projet s’est produit l’année dernière, à la suite du décès de deux amis leaders communautaires, Claude Chriqui Z.’L.’ et Maurice Garzon Z.’L.’. J’ai pris alors conscience que la première génération de dirigeants communautaires sépharades de Montréal avait dépassé les 70 ans. Il y avait donc urgence à évoquer concrètement leur contribution à l’édification de la communauté sépharade. C’est ce qui m’a motivée à initier ce projet.

Vous considérez donc ce projet comme prioritaire.
Ce serait un euphémisme de dire que les archives de la CSUQ et des organismes qui l’ont précédée ne sont pas très organisées. Cet ouvrage collectif sera un legs historique important que nous laisserons aux futures générations. Plus le temps passe, plus il sera difficile de mener à bien ce type de projet.

Combien de présidents de la communauté sépharade du Québec relateront-ils leur parcours communautaire?

Ce livre colligera les récits d’une vingtaine de présidents. Mais, comme nous avons tenu à rendre hommage à tous, même à ceux qui ne sont plus parmi nous, nous avons dû retracer leur parcours à partir de rares archives et de témoignages recueillis de parents, de proches ou d’amis. Ces récits seront émaillés d’anecdotes personnelles et illustrés par des photos. 

Comment les dirigeants actuels de la CSUQ ont-ils réagi quand vous leur avez proposé ce projet?

Dès le départ, ce projet a bénéficié de l’appui des instances dirigeantes de la CSUQ et de son conseil d’administration. Je l’ai présenté au Corps des gouverneurs qui l’a avalisé avec enthousiasme. Je compte aussi sur le précieux concours d’un comité composé de leaders communautaires chevronnés : Jacques Saada, William Dery, Michel Chokron et Jean-Claude Lasry. Je tiens aussi à remercier Penny Benarrosh et Jean-Claude Lasry qui ont accepté de prendre en charge l’étape importante de la relecture des textes.

Ce projet ne risque-t-il pas de vous valoir quelques inimitiés dans la mesure où celui-ci n’est dédié qu’aux leaders de l’instance représentative des Sépharades du Québec, appelée aujourd’hui CSUQ. Avez-vous omis les dirigeants des autres institutions sépharades?

Tous les leaders communautaires ayant contribué d’une manière significative à la construction de la communauté sépharade du Québec y seront associés.
Ce projet se veut inclusif. C’est pourquoi nous avons décidé de le subdiviser en deux ou trois volets.
Un premier livre retracera les mandats des présidents de l’Association sépharade francophone (ASF), fondée en 1966, et des deux institutions qui ont ensuite pris le relais, la Communauté sépharade du Québec (CSQ), fondée en 1976, et la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), fondée au début des années 2000.
Un deuxième tome évoquera l’engagement communautaire des leaders des autres institutions sépharades : le Centre communautaire juif (CCJ), l’École Maïmonide, l’Académie Yeshiva Yavné, les autres organisations affiliées à la CSUQ.

Les présidents livreront leur vision de l’avenir de la communauté sépharade et du séphardisme au Québec. Pourquoi cette dimension vous paraît-elle importante?

Chaque période a ses défis et ses réalisations, et la vision du futur qui y est associée évolue. Celle-ci me paraissait donc un élément important.
D’autre part, les jeunes sépharades vivent aujourd’hui dans une société en mutation constante où l’attrait de la langue anglaise est de plus en plus fort. Pour cette nouvelle génération, la perpétuation du séphardisme ne semble plus une priorité.
Par ailleurs, à l’exception de l’École Maïmonide, et peut-être aussi de l’Académie Yeshiva Yavné, que je connais peu, la culture sépharade et son apport à la culture juive ne sont pas enseignés dans les autres écoles juives. Ce pan capital de l’histoire du judaïsme n’a pas été suffisamment valorisé ni inclus, dans les curriculums de ces institutions scolaires juives montréalaises. Je souhaite ardemment qu’une prise de conscience éveille notre jeunesse à renforcer son sentiment d’appartenance à la culture sépharade. Comme ça semble être le cas aujourd’hui en Israël.

À qui est destiné ce livre? 

Il s’adresse prioritairement à la nouvelle génération de Sépharades qui pourra découvrir les parcours de bénévoles farouchement déterminés à transmettre la fierté de leur identité sépharade et à bâtir une communauté, en dépit des difficultés et de la discrimination auxquelles ils se sont heurtés. Ce recueil de récits témoignera également des efforts de nos leaders pour faciliter l’intégration de nos  membres tant à la société d’accueil qu’à la communauté juive. Ce livre pourrait aussi intéresser les autres communautés culturelles vivant au Québec. Il pourrait aussi être très utile dans le cadre d’un programme de formation du leadership communautaire tant les styles de leadership des présidents sont distincts.

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