La Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ) face à la pandémie
PAR Annie Ousset-Krief
Lorsque le gouvernement a décidé de mettre en place le confinement, les Québécois ont compris que leur vie serait durablement bouleversée : pendant trois mois il a fallu inventer de nouvelles formes de travail, d’éducation, de consommation… Il a fallu aussi mettre en place des mesures sanitaires strictes pour permettre aux organisations de reprendre progressivement leur fonctionnement. Et les incertitudes qui pèsent sur l’évolution de l’épidémie obligent à maintenir certaines restrictions à long terme.
La communauté juive a subi le choc de plein fouet dans une période de fêtes qui habituellement rassemblent les familles. Dès le 31 mars, sous l’égide du Dr Elie Haddad, vice-président de la CSUQ, quelque 200 médecins juifs ont lancé un appel diffusé à tous les membres de la communauté juive institutionnelle du Québec et relayé par les rabbins qui s’y sont associés dans les synagogues, afin d’avertir de la gravité de la situation et de la nécessité d’appliquer strictement le confinement et toutes les consignes données par l’Agence de la santé publique du Canada. « Tous unis pour notre communauté », écrivaient-ils 1.
Les responsables communautaires ont travaillé d’arrache-pied pour instaurer des modes de fonctionnement sûrs et efficaces. Comme l’explique Benjamin Bitton, directeur général de la CSUQ, il fallait faire preuve de réactivité et d’inventivité. La CSUQ a été l’une des premières agences à prendre la décision de fermer ses bureaux et de mettre son équipe en télétravail. Tous les postes ont été maintenus (malgré une situation financière faible), ce qui était une préoccupation majeure, car, comme le précise Jacques Saada, président de la CSUQ, il était nécessaire de maintenir la capacité opérationnelle de l’agence, non seulement pour la période du confinement, mais surtout en prévision de l’après-COVID-19.
La première tâche de la CSUQ a été d’évaluer les différents programmes et activités, et de décider de leur report ou annulation. Ainsi le Camp Benyamin, camp de jour pour enfants, sous l’égide d’Éric Choukroun et Sarah Mimran et leur équipe, a bien eu lieu, dès le 6 juillet, pour six semaines et a accueilli 45 enfants sur une base hebdomadaire – les mesures sanitaires très strictes empêchant d’accueillir les quelque 220 enfants qui fréquentaient le camp les autres années.
L’un des défis auxquels était confrontée la CSUQ était de pouvoir assurer le maximum d’activités pour alléger l’isolement des membres de la communauté. L’une des réponses apportées a été l’organisation de conférences Zoom, permettant la participation d’un public nombreux. Sonia Sarah Lipsyc, au travers du centre d’Études juives Aleph, a offert des conférences ainsi qu’un panel dans le cadre du programme interculturel de Patrimoine Canada.
Grâce à l’implication de l’équipe de la CSUQ (dont Sabine Malka), de nombreux bénévoles, et au travail des deux coprésidents du FCIM, Gérard et Chantal Buzaglo, la quinzième édition du Festival du cinéma israélien à Montréal (FCIM) a été offerte en ligne (du 10 au 21 juin) et a connu un grand succès. Janice Silverstein, directrice de la communication pour le festival, a accompli une véritable gageure dans la mise en place des événements avec les graphistes David Bohadana et Israël Cohen. Quelque 850 passeports ont été vendus et près de 7 500 visionnements ont été comptabilisés. Cette nouvelle façon de vivre les événements a révélé un fait : il est possible – et nécessaire – de faire participer un grand nombre de personnes sur des modes différents. Dans ce contexte, une réflexion sur le futur Festival Sefarad sous l’égide de ses deux coprésidents, Geneviève Busbib et Sam Edery, est en cours. Ce qui est actuellement envisagé est une version mêlant spectacles en salles (si c’est possible) et rencontres virtuelles. Dès le mois de juin, la CSUQ a préparé un préfestival pour l’été (une première dans son histoire) : conférences sur des thématiques d’actualité, rediffusion de soirées enregistrées lors de précédents festivals, spectacles d’humour, projection de films…
Un autre volet crucial des interventions de la CSUQ est l’aide sociale. Le département Hessed dont s’occupe Charly Ouaknine a intensifié son travail auprès des foyers défavorisés dont le nombre s’est accru avec la pandémie. La collecte de dons s’est avérée être un nouveau défi en ces temps d’incertitude économique.
Le travail conjoint des agences d’entraide (CSUQ, Ometz, Centre Cummings) a permis de distribuer directement des ressources aux familles dans le besoin, notamment au moment de Pessah, où les distributions ont été doublées : plus de 200 familles ont ainsi pu être soutenues. Et cette aide devra sans aucun doute se poursuivre pendant de longs mois.
La CSUQ – son personnel performant, en pointe – (citons encore l’équipe administrative avec Toby Benlolo, Agnès Castiel, Danielle Kessous et Mikhaela Pascal) a démontré dans cette période extrêmement difficile qu’elle pouvait s’adapter, innover, et répondre aux besoins de ses membres – avec solidarité, partage et générosité. Pour conclure sur une note positive pour l’avenir, je souhaiterais citer Jacques Saada : « La résilience, c’est l’expression de notre force de caractère, de notre capacité d’adaptation et de notre détermination. La résilience, c’est une manifestation d’espoir 2 ». Les actions de la CSUQ pendant cette crise sanitaire en sont la démonstration.
Notes: