MOT DU PRÉSIDENT – AVRIL 2019

Hon. Jacques Saada

« Se donner du mal pour les petites choses, c’est arriver aux grandes avec le temps. »
Samuel Beckett

Aujourd’hui, je veux vous parler de démocratie et d’avenir.

Attendez. Ne vous sauvez pas. Je veux vous parler de ma conception de la démocratie à la CSUQ. Je veux vous proposer de définir ensemble les priorités de notre institution pour les années à venir.

Un peu d’histoire. Nous sommes dans les années 70. Les sépharades commencent à s’installer au Québec. Ils arrivent avec, dans leurs bagages, le français en partage, une certaine pratique traditionnelle de la religion, le besoin de s’entraider pour s’établir dans leur pays d’adoption. Ils créent des institutions, une école, des Congrégations, etc. Attachés à leurs origines, ils maintiennent vivantes leurs racines culturelles profondes. C’est le début d’une belle aventure, stimulée par des communautaires remarquables.

Et d’étape en étape, au gré des regroupements, ils créent la CSUQ que nous connaissons aujourd’hui. Tout au long de ces processus, ils fondent des familles. Leurs enfants réussissent. Dans les domaines professionnels, scientifiques, médicaux, commerciaux, ils font souvent œuvre de pionniers. « Ils sont de chez nous », se dit-on fièrement en voyant nos symboles de réussite dans les médias.

Incontestablement, la communauté sépharade du Québec s’est constituée d’une manière singulière, exemplaire. C’est ce que nous disent avec envie et curiosité des juifs du monde entier. Je l’ai d’ailleurs constaté, une fois de plus et avec acuité, à l’occasion de mon récent voyage à la tête de la délégation sépharade du Québec au Maroc 1, organisé par le Conseil de la communauté marocaine à l’Étranger en partenariat avec le Conseil des communautés israélites du Maroc.

Évidemment, ces remarquables progrès n’ont pas toujours été faciles à réaliser. La CSUQ est devenue, par sa propre volonté, une agence de la Fédération CJA, mais les relations entre nos deux organisations ont souvent été marquées du sceau de la méfiance et de l’ambiguïté. D’importantes divergences se sont parfois fait jour en matière de culture managériale et de valeurs. Qu’importe. Il serait stérile de vouloir nous répartir les torts.

Au milieu de tout ce bouillonnement, la CSUQ a créé une foule de programmes et de services : Hessed, nos programmes jeunesse, LVS/La Voix sépharade, le Festival sépharade de Montréal, le Festival du cinéma israélien de Montréal, la Mission Bar Mitzvot, Yahad, le centre d’études juives contemporaines Aleph, le Voyage de retour aux sources, etc. Tout cela grâce à un bénévolat remarquable et nombreux, un esprit de solidarité sans égal, une équipe de professionnels

habituée à faire des miracles. Malgré tous les obstacles, malgré tous les tremblements, il faut donc constater que l’histoire de la CSUQ, c’est l’histoire d’une réussite remarquable.

Ce qui nous amène à aujourd’hui et aux grandes questions auxquelles il nous faut répondre pour demain.

Comment construire un avenir digne de notre passé? Comment préserver notre attachement à nos cultures d’origine dans un monde où nos enfants ne voient nos pays de naissance que par nos yeux, où ils naviguent sans aucun complexe du français à l’anglais? Comment prendre acte du fait que notre conception du judaïsme qui distingue sépharades et ashkénazes est probablement de moins en moins celle de nos enfants? Comment surmonter la peur de l’oubli de ce que nous sommes? Comment passer le témoin du leadership sépharade aux nouvelles générations en leur confiant un devoir de mémoire, notre mémoire, tout en modernisant notre institution? Comment nous assurer que la CSUQ reflète réellement les aspirations de ceux qui nous suivent? Comment harmoniser nos interventions avec celles de la Fédération CJA tout en préservant nos singularités sépharades?

C’est pour tenter de répondre à ces questions que nous mettons sur pied les états généraux de la CSUQ qui se tiendront en juin prochain. La CSUQ vous appartient. Les réponses ne viendront donc pas d’un petit groupe fermé se réunissant une fois ou deux dans des officines d’élite. Les réponses viendront de vous.

Soyez partie prenante à cette grande réflexion. Vous aurez l’occasion de participer de multiples façons : en prenant le temps de lire le dossier spécial « États généraux » contenu dans le présent numéro de LVS et ce que nous publierons au gré des semaines à ce sujet au travers notamment de notre lettre d’information; en répondant au sondage qui vous est proposé (vous le trouverez en pièce jointe au LVS); en faisant partie de « focus groups » que nous pouvons vous aider à constituer; en abordant ces questions avec vos proches, dans vos cercles, dans vos synagogues ou en famille et en nous faisant part de vos conclusions; en nous écrivant ou en nous parlant. Toutes ces initiatives, toutes ces consultations se traduiront par des propositions qui seront soumises aux états généraux.

Ce projet de refondation de la Communauté sépharade unifiée du Québec est enthousiasmant. Je vous invite à en être les acteurs. Grâce à vous, nous irons sur des chemins inexplorés tout en renforçant nos réalisations.

Participer au processus, c’est contribuer aux résultats. Ne pas le faire, c’est laisser aux autres le soin de décider pour nous. C’est à tout cela que je fais référence quand je parle de démocratie et d’avenir. La parole est à vous.

Je vous souhaite à toutes et à tous ainsi qu’à vos familles de passer de bonnes fêtes de Pessah.

« Hag Sameah » !

Hon. Jacques Saada,
Président, CSUQ

saadaj@videotron.ca

Notes:

  1. Voir à ce sujet la rubrique Culture sépharade du présent numéro
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