RABBI MOISHE NEW. MONTREAL TORAH CENTER

PAR ANNIE OUSSET-KRIEF

Annie Ousset-Krief

Annie Ousset-Krief

Annie Ousset-Krief  était Maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle à Paris. Elle réside maintenant à Montréal.

Le rabbin Moishe New enseigne la Kabbale au Montreal Torah Center (MTC) qu’il dirige depuis 1991. Cet Australien d’origine (il a quitté Melbourne en 1977) a été chaliach (émissaire) du mouvement hassidique Habad* aux États-Unis, puis à Montréal, où l’envoya le Rebbe Schneerson* en 1981. Il fut d’abord rabbin d’une petite synagogue à Chomedey, puis sur instruction du Rebbe, fonda le Montreal Torah Center dans un petit local situé au Carré Décarie. Le succès du centre d’études fut tel qu’il fut déplacé dans un imposant bâtiment de Hampstead (Montreal) en 2004. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui suivent les enseignements dispensés, participent aux activités ou viennent suivre les offices. Chaque Shabbat rassemble plus de 200 personnes venues de tous horizons, Ashkénazes, Sépharades, plus ou moins orthodoxes… Le centre comporte également une école maternelle, dirigée par son épouse. Outre ses fonctions de directeur, le rabbin New enseigne en anglais la Kabbale 1. Ses cours sont enregistrés et diffusés sur le site du mouvement Chabad : chabad.org ainsi que sur jewish.tv.

Le Hassidisme repose sur la Kabbale, m’explique le rabbin Moishe New. Pas la Kabbale classique, ésotérique, des siècles qui précédèrent le Baal Shem Tov*, mais la Kabbale interprétée et transmise par celui-ci depuis le 18e siècle. La Kabbale est venue compléter la Torah, la soutenir, et a inspiré la Hassidout. La Kabbale/Hassidout (le rabbin Moishe New insiste à ses yeux sur le caractère indissociable des deux) a allié philosophie et spiritualité pour permettre d’effectuer la rencontre entre Dieu et les êtres humains. Cette fusion du mysticisme et de la philosophie guide les croyants vers plus de compréhension : comprendre notre place dans le monde, comprendre le sens de la Création, appréhender le sens de la vie, notre mission. Si le Talmud traite des commandements, la Kabbale, quant à elle, donne les clés pour établir la relation avec Celui qui a ordonné les commandements. « La Kabbale est la connaissance de Dieu, elle apporte la lumière à l’observance des lois religieuses », déclare le rabbin New.

Ses cours sur la Kabbale s’adressent à tous, hommes et femmes, pratiquants ou non. Le rabbin New voit dans la popularité accrue des études de la Kabbale le signe d’un besoin de spiritualité qui n’est pas le fait unique des Juifs, mais se retrouve chez nombre d’individus en quête de sens. Car, insiste-t-il, la Kabbale offre une direction de vie. À toutes les questions que nous pouvons nous poser sur les raisons de notre existence, la Kabbale offrira une réponse, un contexte général pour la vie. C’est la révolution apportée par la Kabbale/Hassidout, l’étude de la Kabbale ne se confine pas à l’élévation spirituelle, elle permettrait d’apporter une lumière infinie dans la vie quotidienne et d’inspirer chaque action.

Dans ses cours, le Zohar et les autres textes classiques sont en permanence étudiés, mais à la lumière de la Hassidout, qui, selon lui, on l’aura compris, va révéler la profondeur de la Kabbale.

Le rabbin New met en garde contre l’étude de la Kabbale sans guide spirituel, car les textes sont cryptiques, et ouverts à de mauvaises interprétations. Être guidé positivement pour ne pas se perdre dans des voies obscures, tel est son conseil.

Si la Kabbale s’est imposée après 1 500 ans d’oubli, explique-t-il, c’est parce que le peuple juif devait approfondir sa connaissance et renforcer sa foi pour affronter les épreuves terribles qui l’attendaient dans cette ère dite prémessianique. Il cite le prophète Isaïe : « La terre sera remplie de la conscience de Dieu comme l’eau couvre le fond des océans » (Isaïe 11, 9). Voilà pourquoi la spiritualité apportée par la Kabbale est nécessaire, pour « voir au-delà de la surface » et pour préparer l’ère messianique, ce « grand Shabbat » qui amènera la Rédemption.

Chacun participe de la spiritualisation du monde, et la femme joue un rôle central. Le rabbin Moishe New insiste sur la place prépondérante de la femme dans l’univers. Il affirme que la Kabbale est la dimension féminine du judaïsme. Et comme l’annonce le prophète Jérémie, à l’ère messianique, « c’est la femme qui entourera l’homme » (Jérémie, 31, 22). Cette dimension exceptionnelle de la femme dans la Création, est une notion au cœur des enseignements du Rebbe Scheerson. Les femmes apporteront une nouvelle énergie, une nouvelle lumière à l’observance de la Torah et l’avènement de la Rédemption.

Quant au côté secret de la Kabbale, il existe, mais peu nombreux sont ceux qui percent le mystère. Ce sont les kabbalistes mystiques, explique le rabbin New, ceux qui ont totalement transcendé leur ego et vivent une vie purement liée au divin. Ils peuvent produire des miracles, des actes inexpliqués, comme des guérisons. Mais plus le temps du Messie approche, moins ces mystiques seront nécessaires. Le supra-naturel doit céder le pas au naturel, et chacun doit prendre sa part dans la spiritualisation du monde.

 

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