Éditorial : Sept 2015

Sonia Sarah Lipsyc

Sonia Sarah Lipsyc

Ce dossier « Être sépharade à Montréal » est le premier d’une série que le LVS consacrera à l’identité sépharade dans le monde.

La présence sépharade au Québec date déjà de quelques siècles comme en témoigne la première synagogue « Sheerit Israël. Spanish and Portuguese

Congregation » créée en 1768 dans la Belle Province. Et même si, depuis lors il y eut des Sépharades et non des moindres comme le rabbin Abraham de Sola (1825-1882), également professeur d’hébreu et de littérature à l’Université McGill, la venue importante des Sépharades au Québec date de la seconde moitié du XXème siècle. Elle commença vers les années cinquante par la venue de Juifs d’Égypte, d’Irak, de Turquie, du Liban, d’Iran, des Balkans avant celle des Juifs du Maroc qui constituèrent la large majorité de cette communauté. Plus de cinquante ans plus tard, soit déjà trois générations, il est légitime de s’interroger sur la condition des Juifs sépharades à Montréal, leurs contributions, leur héritage, la pérennité de leur identité et culture dans cette partie de l’Amérique du Nord. Et ce d’autant plus, que la communauté sépharade de Montréal est l’une des plus importantes après celles d’Israël et de la France.

Vous trouverez dans ce dossier, loin d’être exhaustif comme vous pouvez vous en douter dans le cadre d’un magazine, des contributions très diverses. Le résumé de l’analyse sociologique de l’étude du démographe Charles Shahar et celle de Robert Abitbol, portant sur les tendances, les orientations et le devenir de notre communauté. Pour savoir où l’on va, il faut d’abord savoir d’où l’on vient, l’adage est bien connu, c’est pourquoi nous publions un témoignage de Jean-Claude Lasry, l’un des fondateurs de cette communauté à Montréal ainsi que l’extrait d’un texte de l’universitaire Esther Benaim-Ouaknine. Nous avons organisé une table ronde avec des membres de sensibilités diverses, Sylvia Assouline, Michaël Cohen et Amnon Suissa en les interrogeant sur les caractéristiques de l’identité sépharade, l’évolution et le devenir de la communauté sépharade à Montréal. Nous avons également sollicité deux jeunes adultes, la relève en quelque sorte, Patrick Bensoussan et Karen Aflalo à ce sujet. Nous publions aussi un article du rabbin Ronen Abitbol, qui interpelle les Sépharades montréalais sur leur rapport à la loi juive telle qu’elle a été transmise par les maitres de la tradition sépharade. En ce qui concerne la riche production culturelle de la communauté sépharade de Montréal, nous avons dû faire un choix et porter notre attention sur certains aspects de la création musicale. Que les artistes et créateurs des autres domaines (littérature, théâtre et peinture) ne nous en tiennent pas rigueur, nous aurons l’occasion de revenir sur leurs créations comme nous reviendrons sur tout autre domaine qui aurait pu être négligé dans cette première livraison. Nous songeons notamment aux Sépharades qui ont choisi de suivre les traditions hassidiques des mouvements Loubavich ou Breslav souvent mentionnés au fil des articles et à qui nous souhaiterions aussi donner prochainement la parole. Enfin, afin d’étayer votre réflexion, nous avons introduit et publié l’extrait d’un texte du philosophe juif contemporain Shmuel Trigano, sur les critères de définition de l’identité sépharade ainsi que des réflexions de deux penseurs de notre communauté Maurice Chalom et Léon Oiknine. Il ne reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture et surtout une bonne année 5776.

Dr Sonia Sarah Lipsyc

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