Elles et Ils ont publié – avril 2020
PAR Sonia Sarah Lipsyc
Shoah. Jessica Roda, actuellement professeure adjointe à l’Université Georgetown (Washingtown) était partie pour sa thèse à la rencontre de cette culture et des êtres qui la portent, en France, en Israël et aux États-Unis pour savoir ce qui est advenu de leur langue et de leur histoire avec comme fil conducteur le
patrimoine musical. Ce livre mélange subtilement témoignages, entretiens, analyses et rend hommage à cette culture qui ne manquera pas d’intéresser notre lectorat au-delà de celles et de ceux qui sont directement les héritiers du judéo-espagnol. Cet ouvrage a reçu le prix UQAM- Respatrimoni.
Milena Kartowski-Aiach, Leros. Un exil insulaire chez les damnés. Édition Sicania, 2019. Anthropologue, musicienne, chanteuse, écrivaine, Miléna conjugue plusieurs talents même celui d’avoir tenu une chronique régulière pour notre rubrique du LVS, « Itinéraires de jeunes sépharades d’ici et d’ailleurs ». Après un séjour sur Léros, l’une des îles grecques qui accueille des migrants yézidis, qu’elle est allée rencontrer, elle a écrit cet oratorio qui a déjà été joué au Festival de théâtre d’Avignon en 2018. À partir de ces récits des exilés, leurs fragments de vie, elle nous offre ce chant poétique, juste et humain qui donne la parole à plusieurs protagonistes, « de la jeune fille rescapée à l’infirmière ou au capitaine ». Héritière d’une culture juive algérienne et déracinée par son père et petite fille de survivante de la Shoah du côté maternel, elle ne pouvait qu’être sensible et nous rendre sensibles à ces itinéraires de yézidis « qui se battent pour la vie » comme l’exprime la dédicace du livre. Il en annonce d’autres que nous attendons de lire en espérant que la vie sera plus douce pour ces hommes et femmes yézidis.
de ces êtres qui découvrent leur ascendance juive ou souhaitent en savoir davantage à ce sujet? C’est le cas de l’auteure qui a toujours su que son arrière-grand-père paternel était juif, qui plus est rabbin. Mais elle ne connaissait rien de lui, même pas son prénom, Isaac. À la faveur de retrouvailles familiales, elle part avec ses cousines à la rencontre de cet homme disparu qui officia à la synagogue de Neuilly, y compris durant la guerre à Paris, en pleine occupation nazie. Elle raconte ses étonnements, ses découvertes, ses questions identitaires, elle, qui justement rencontre aussi un Juif à la même période avec qui elle se mariera. Gageons que le premier livre de cette jeune femme, elle-même fille d’écrivains, ne sera pas le dernier soulignant cette quête émouvante non seulement des origines, mais aussi de leur héritage et de leur continuation.