D’Exils et d’Errances

« Et les exilés de Jérusalem qui sont dans Sfarad hériteront des villes du Midi » (Obadia, verset 20)

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Maurice Chalom, Ph.D

Ne perdez pas votre temps à chercher, vous ne trouverez nulle part ailleurs dans le Tanakh le terme Sfarad, car il n’est mentionné qu’une seule fois, au vingtième verset de l’unique chapitre de l’opuscule du Prophète Obadia. Celui-là, 0n peut dire qu’il ne s’est pas beaucoup foulé. Une plaquette composée d’un seul chapitre de vingt-et-un versets. Il paraît même qu’Obadia serait son nom de plume; un pseudo voulant dire « celui qui honore YHWH » et que son véritable nom serait Abdias. Mais bon, on peut le comprendre. Quand tu écris l’équivalent d’une brochure, pas sûr que t’aies envie qu’on te reconnaisse dans la rue. C’est peut-être pour cela qu’Obadia-Abdias est le quatrième des « douze petits Prophètes ». Ce n’est pas avec une plaquette que tu passes à l’Histoire. On est loin, très loin de Moise et de ses cinq volumes. Un succès d’édition encore inégalé à ce jour, sans parler des traductions et des adaptations cinématographiques. En tout cas, l’unique fois où il est fait mention de Sfarad, c’est chez Obadia-Abdias le Prophète. On appelle ça un hapax. Mais non, rien à voir avec l’anthrax ou autre saloperie du genre ni avec la pêche à la mouche. Pour ceux qui l’ignorent, l’hapax sert à décrire un terme dont on ne connaît qu’une occurrence. Sfarad n’est mentionné qu’une seule fois et ne veut rien dire d’autre que Sfarad. Sfarad est un hapax. Ça vous en bouche un coin, non? Attendez, cela ne fait que commencer. Avant d’écrire ma chronique, je potasse mon sujet et celle-ci ne fait pas exception. Quoi, vous croyez que ça s’écrit tout seul? Eh non. Derrière les quelque trois mille mots que vous vous apprêtez à lire avec délectation, il y a du boulot. N’ayant rien du rapiat, j’ai des cadeaux-surprises à vous offrir. Autant vous prévenir, c’est du lourd comme dirait Luchini.

Durant des siècles, les traducteurs, commentateurs et autres scoliastes de l’opuscule du Prophète Obadia-Abdias ont identifié la Sfarad biblique à la péninsule ibérique et à l’Espagne; les Sfaradim et leurs descendants, aux Juifs d’Espagne. Traducteurs et exégètes pouvaient s’atteler à d’autres tâches, l’affaire était entendue. Sauf que dans la première moitié du vingtième siècle, quelques trublions et non des moindres – des historiens, archéologues, linguistes et anthropologues – sont venus remettre en question l’évidence consensuelle, en échafaudant de nouvelles théories quant aux origines étymologiques et géographiques de Sfarad, et en soulevant la question blasphématoire : Et si. Et si la Sfarad biblique n’avait rien à voir avec l’Espagne? Et si l’origine des Séfarades était autre, tout autre? Vous voyez d’ici le balagan dans le cercle des zélateurs et autres initiés de l’exégèse. En voici quelques-unes résumées et synthétisées. Cadeau.

Sfarad égale Espagne, ah oui?

Un certain abbé Chaud (pareil nom ne s’invente pas) soutient la thèse qu’au moment de quitter l’Égypte, une partie du peuple Hébreu, au lieu d’accompagner Moïse, aurait pris la première à gauche, direction ouest, et se serait disséminée autour du bassin méditerranéen, allant jusqu’à coloniser le Jardin des Hespérides situé, selon certains commentateurs, du côté de la Mauritanie et pour d’autres, dans les Iles Canaries. En tout cas, pas vraiment la porte à côté de l’Espagne. Pour l’abbé Chaud, Sfarad dériverait de Hespérides; les deux mots ayant la même sonorité et la même racine lexicale. Une autre théorie soutient l’idée que les Sfardim seraient originaires de la ville de Sfarde, capitale de la Lydie, quelque part en Anatolie, la partie ouest de l’actuelle Turquie. Ces Lydiens de Sfarde, aujourd’hui connue sous le nom de Sardis ou Sardes, se seraient convertis au judaïsme quelque cinq siècles avant l’ère chrétienne et auraient migré autour du bassin méditerranéen et vers l’Espagne. Sfard, pluriel Sfardim : les habitants de Sfarde. Une troisième voudrait que les Juifs séfarades, enfin ceux qui par la suite seront identifiés comme tels, n’auraient jamais migré d’Orient vers l’Espagne – ce serait plutôt le contraire – seraient des Ibériens qui, plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, auraient mis le cap en direction de l’Est pour débarquer sur les côtes phéniciennes y apporter leur civilisation – des colonialistes dirait-on aujourd’hui- ET leur nom : Ivri, c’est à dire Ibère ou Ibérien; le B pouvant se lire V en hébreu comme en espagnol. Avec comme résultat, pour le moins étonnant : Ibère-Ibérien=Ivri, peuple ibérien= peuple ivri. La beauté de cette théorie, c’est que ce ne sont plus les Séfarades qui seraient d’origine juive, mais bien les Hébreux qui seraient d’origine espagnole. Cette théorie s’apparente à celle voulant que Sfarad soit l’anagramme du mot Pardes, avec une interversion du P et du S aboutissant à la racine spard, d’où Sfarad; terme qui désignerait ceux qui étudient le sod, littéralement, la Kabbale. Sfarad, spéculation métaphysique? Pourquoi pas. Dans le même ordre d’idées, plusieurs linguistes voient dans Sfarad un lien de proximité avec l’arabe Safar qui veut dire voyage, comme Safari en swahili. Sfarad, Safar, Safari; le voyage, l’errance perpétuelle, l’exil. Le Sfarad, archétype du Juif errant? Je prends.

Au terme de ce périple spatiotemporel (je ne peux résister à ce jeu de mot), un consensus : impossible de dire avec certitude et précision à quelle époque les Juifs ont débarqué en Sfarad. L’Histoire est muette. On suppute et subodore approximativement bien avant les Romains et probablement à l’époque des Phéniciens, mais Quid de l’exactitude du quand et reQuid de celle de la provenance. Étonnant quand même que tous ces savants, habiles à théoriser sur la genèse d’un hapax et ses significations multiples et diverses, aptes à nous balader aux quatre coins de la planète, du delta du Nil aux Îles Canaries, de l’Anatolie aux côtes phéniciennes, industrieux à comparer entre eux des dialectes disparus depuis des lustres, capables de passer allègrement d’une discipline à une autre, s’ingéniant à établir des liens et des correspondances entre mystique juive, histoire, linguistique et géographie, qui maîtrisent aussi bien le swahili et l’arabe que l’hébreu, soient à ce point infoutus de s’entendre entre eux et de nous dire quand exactement les Juifs ont déposé leurs baluchons en Espagne. Une autre chose me fascine, je ne sais pas pour vous, c’est l’intérêt affiché et la passion démontrée des décennies durant par tous ces pontes, pour une billevesée dont le commun des mortels s’en moque comme de colin-tampon et qui ne change rien à sa vie de tous les jours; d’autant que, en bout de piste, à la question qui est Séfarade, nous ne sommes guère plus avancés.

La force du nombre et son insignifiance

Sur cette question et pour faire simple, il y a deux écoles en tension. À un bout du spectre, se situent ceux que j’appelle les puristes du sol pour qui seuls les descendants directs des Juifs ayant vécu dans la péninsule ibérique avant l’expulsion d’Espagne en 1492 et du Portugal en 1496 sont Séfarades-Sfaradim-Sefardis. Pendant longtemps, le nombre de 600 000 Juifs ayant fui l’Espagne en 1492 a été avancé. De récents travaux ont révisé cette estimation à la baisse et aujourd’hui, on évalue leur nombre plutôt entre 150 000 et 200 000. Cela n’a rien d’anodin et j’y reviens un peu plus loin, à propos de la loi du retour pour les Juifs d’origine espagnole. À l’autre bout du spectre, il y a les pragmatiques fatalistes, comme je les appelle par manque d’imagination. Pour eux, sont Séfarades ceux qui ne sont pas Ashkénazes et qui ne parlent pas le yiddish. Seraient donc Séfarades, les Juifs d’Afrique du Nord, ceux des pays arabes (la liste est longue), appelés Juifs orientaux ou Mizrahim, ceux des Îles Caraïbes, de l’Inde, de Cochinchine et d’Éthiopie. En ai-je oublié?

En Israël, mais également en France et dans plusieurs communautés juives d’Amérique du Nord, le grand rabbin Séfarade représente surtout les Juifs mizrahim, bien plus que ceux se réclamant d’une identité juive ibérique, aujourd’hui fortement diluée. En Israël, on recense près d’un million et demi de Juifs séfarades-mizrahim; en France, entre 300 000 et 400 000; aux États-Unis, de 200 000 à 300 000 et en Argentine, quelque 50 000 âmes, sans compter ceux des « petites communautés ». Au fil du temps, Séfarade est donc devenu une appellation ethno-religieuse quasi fourretout, au grand dam des puristes du sol pour qui les mots ont un sens. Si Sfarad veut bien dire Espagne, on ne peut donc qualifier les Juifs orientaux, les Mizrahim, de Séfarades puisqu’ils n’ont rien d’espagnol. Ces Juifs arabes n’ont aucun lien avec l’Espagne, les langues vernaculaires qu’ils parlaient dans leur pays d’origine n’ont rien à voir avec le Judéo-espagnol, proche du Castillan du 16e siècle, leur histoire, leurs coutumes, leurs traditions et leur folklore sont également bien différents de ceux des descendants des 150 000 – 200 000 Judios Sefardis qui ont préféré la valise à la conversion. Malgré la massivité de l’évidence, pourquoi les Juifs marocains de la zone espagnole, avec cet air hautain et prétentieux, se prennent-ils pour les enfants illégitimes d’Isabelle? Idem pour les Casablancais, Rabatys et autres citadins qui n’ont que mépris et moqueries pour leurs Chleuhs de coreligionnaires du Haut Atlas. Eh les mecs, vous êtes tous des Juifs arabes, des Mizrahim vous, vos parents, vos grands-parents et trisaïeuls, et ce, depuis des siècles, sans lien aucun avec les Judios Sefardis de Castille ou d’Andalousie! Arrêtez donc de vous la jouer « bourgeois gentilhomme ».

Réparation morale et enfumage
Et dire qu’il aurait suffi d’une déclaration officielle reconnaissant solennellement l’erreur historique que fut l’expulsion des Judios Sefardis de 1492. Imaginez une invitation de Felipe VI à l’adresse du grand rabbin d’Espagne, des représentants des principales communautés Séfarades de Diaspora, du grand rabbin Séfarade d’Israël et du clergé espagnol; cérémonie au cours de laquelle, trémolos dans la voix, Felipe VI aurait reconnu la faute d’Isabelle la catholique et remis symboliquement les clés du pays, en guise d’amende honorable et de réparation morale. Quelques photos officielles, une conférence de presse, impression de ladite déclaration sur parchemin vierge, à apposer bien en évidence à l’entrée des centres communautaires et synagogues Séfarades de par le monde, et basta. L’affaire aurait été entendue. Flétrissure effacée, blessures cicatrisées et dossier classé. Pareille cérémonie, à portée hautement symbolique, aurait suffi. N’étant guère rancuniers et n’ayant aucune expectative après cinq siècles, les descendants des Judios Sefardis auraient été pleinement comblés et le Royaume d’Espagne aurait recouvré sa virginité. En lieu et place de quoi, le gouvernement espagnol s’est embarqué dans une opération de com. et d’enfumage, en promulguant sa loi sur l’octroi de la nationalité aux descendants des Juifs séfarades. À examiner de près les conditions à remplir pour l’obtention de ladite nationalité, cette loi en est une de dissuasion massive et un véritable parcours du combattant.

Les documents officiels parlent de l’octroi de la nationalité espagnole à toute personne pouvant prouver d’une ascendance Séfarade sous certaines conditions. À noter qu’il s’agit d’un octroi et non d’une restitution. Le gouvernement espagnol concèdera la nationalité aux demandeurs qui répondront à tous ses critères et qui sauront prouver d’une ascendance directe avec l’un des 150 000 – 200 000 Judios Sefardis expulsés à coups de pompes dans le cul en 1492. L‘Espagne magnanime concèdera, dans son infinie mansuétude, la nationalité à ceux qui trouveront grâce à ses yeux. Une nationalité accordée et non restituée. Un octroi conditionnel. Bel exercice de com. Voici, dans les grandes lignes, les conditions exigées. Outre une taxe de cent euros non remboursable, les descendants des quelque 150 000 – 200 000 Judios Sefardis doivent prouver leur filiation par leur nom, leur pratique du Ladino, démontrer leurs liens avec les coutumes Séfarades, apporter un certificat expédié par la communauté juive d’Espagne ou de leur pays de résidence, passer avec succès le test linguistique qui se déroulera en Espagne; le voyage étant à la charge du demandeur, faire traduire en espagnol tous les documents requis par un officiel ou une personne agréée par le gouvernement espagnol, aux frais du requérant, il s’entend. Les actes de naissance ou les contrats de mariage selon les traditions de l’ancienne Castille sont également mandés. Pour plus de détails, je vous convie à aller au www.csuq.org et vous constaterez par vous-mêmes que tout a été minutieusement gambergé pour rejeter le plus grand nombre de demandes.

Prudent, le gouvernement espagnol a sorti sa calculette et fait ses comptes. En considérant qu’entre 150 000 et 200 000 Judios Sefardis ont été expulsés en 1492, il évalue à quelques milliers le nombre de Juifs séfarades en mesure de répondre à tous ses critères qui se verraient octroyer ladite nationalité. Eh oui, tout ça pour ça. Pas fou, ledit gouvernement anticipe entre 80 000 et 100 000 le nombre de requérants, principalement en provenance d’Israël, de France, des États-Unis, du Canada, du Brésil, du Venezuela, de Grèce et de Turquie, qui se précipiteront dans les ambassades et consulats espagnols, et les institutions communautaires agréées, y ouvrir un dossier, remplir la paperasse et s’acquitter des coûts afférents. Il paraît que dans les bureaux de la CSUQ, le téléphone ne dérougit pas. Pas étonnant, vous êtes si prévisibles et prêts à n’importe quoi pour obtenir un Sésame pour l’Europe. Cent mille suppliques pour quelques milliers de nationalités octroyées. Question image et relations publiques, la loi d’octroi, c’est tout bénef pour le gouvernement espagnol. De l’enfumage, je vous dis.

Identité et transmission

J’étais à mille lieues de me douter, en commençant cette chronique, que j’irais fouiller dans cette vieille boîte, en ressortir les rares photos qui me restent de mon père. Trois clichés de Claude, de son père Isaac et de sa mère Sarah. Le plus ancien date de 1925, l’année du mariage de mes grands-parents paternels. Sur un autre, on les voit tous les trois en train de piqueniquer sur les bords de Marne. 1937 est inscrit en bas à gauche. On ressent le front populaire de Léon Blum et les premiers congés payés. Sur le dernier, pris en 1942, seuls Sarah et Claude y figurent; Isaac ayant déjà été déporté. En plus des photos, je dépoussière la vieille carte d’identité émise, par la préfecture de police de Paris en 1943, au dénommé Chalonnet Albert avec la photo de mon père, agrafée dessus. Une de ces « fausses vraies » cartes d’identité inappréciables pour un Juif durant l’Occupation. Ces photographies et cette pièce d’identité, allez savoir pourquoi, me font penser au psychiatre-psychanalyste, Boris Cyrulnik, pour qui « il faut quelqu’un pour devenir quelqu’un ». C’est vrai. On ne peut se développer sans ancrage, sans appartenance ni transmission. C’est bête à dire, mais si je me sens pleinement Judio, c’est grâce à mon père et à ce qu’il nous a transmis à nous, ses enfants. Je ne sais si transmission est le bon terme, mais la transmission peut-elle être, doit-elle être toujours mesurable? Il est vrai qu’il ne nous a transmis aucune pratique religieuse ni aucune prière; il ne savait pas lire l’hébreu, n’avait reçu aucune éducation religieuse et son unique livre de prières était celui du rituel de Kippour, écrit en phonétique. À Pessah, il nous chantait El Cavretico, d’une voix éraillée, dans un Ladino écorché par son accent du faubourg. Il n’empêche. Nous, ses enfants, sans jamais nous être consultés, récitons, nous aussi, El Cavretico, Pessah après Pessah.

Il nous a transmis son silence sur les années sombres de l’Occupation, son attachement indéfectible à Israël et sa fierté d’être un Judio, comme il se plaisait à dire. Il a réussi à nous transmettre cette identification et cette appartenance aux Judios Sefardis par un Ladino qu’il baragouinait, une dévotion pour ses parents et par une mémoire défaillante de l’histoire de ses grands-parents, et de sa parentèle restée en Turquie. Il nous a transmis ce qu’il a pu : une appartenance ténue et diluée, certes, une filiation écorchée et diffuse, il est vrai, mais appartenance malgré tout aux Judios Sefardis que furent ses parents et dont nous sommes, à notre tour, les récipiendaires, les porteurs et les tributaires. Par mon père, je suis lié à ses parents et, par eux, aux Judios Sefardis dont ils sont issus par le temps, la sédimentation de leurs mémoires, l’accumulation de leurs expériences, et à leur transmission. Une transmission, avec tout ce qu’elle comprend d’impossible, si elle ne dépend que de l’unique absolue fidélité du fils envers le père : une transmission identitaire immuable et figée. Morte. « Le fils ressemble davantage à son temps, qu’à son père », dit l’adage. Lourde tâche que celle de recomposer mon identité Sefardie, de métaboliser mon histoire et mon héritage.

Un peu comme ces albums de vieilles photos jaunies par le temps, « l’identité juive ibérique » se dilue et s’estompe. « Je pense aux jours lointains. Que reste-t-il de ces beaux jours? Une photo, vieille photo de ma jeunesse. Un souvenir qui me poursuit sans cesse. Que reste-t-il de tout cela? Dites-le moi » chantonnait Charles Trenet, l’un des chanteurs préférés de mon père, avec Aznavour et Montand. Il en va de même du Judio Sefardi que je suis. Dans ce baluchon que je trimbale de pays en territoires, de villes en cités : une langue vernaculaire gauchie par le temps, des fragments de mémoires, une histoire morcelée, une identité étiolée, un passé qui s’éteint. Une nostalgie. Kol ehad lefi darko, dit l‘apophtegme Hébreu. À chacun son chemin, son aventure et son destin. Je me retrouve en mon père, ce Judio Sefardi, Homme de la verticalité et de la rencontre. À mon tour, je trace mon chemin dans ses pas. Je suis Judio.

Maurice Chalom, Ph.D.

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