Nahar Chalom, une synagogue à vocation familiale
De gauche à droite : Yohan Ohayon, le Rabbin Yoel Dahan, Sam Edery et Frédéric Dayan. Absente de la photo : Laurence Essiminy
Par Nathalie Azoulay
La congrégation sépharade de Hampstead, Nahar Chalom, constituante de la CSUQ, pourrait se résumer en un mot de sept lettres : famille. C’est en effet l’esprit de famille qui lui a donné naissance. C’est aussi ce à quoi elle s’apparente aujourd’hui, une famille rassemblant et unissant les générations successives. Et, c’est encore l’importance accordée à la famille qui justifie son projet d’agrandissement.
Nahar Chalom a été fondée en 1991 avec la vocation d’être une synagogue véritablement familiale.
Frédéric Dayan et Yohan Ohayon sont les coprésidents actuels.
« Notre congrégation a été créée par des amis qui ont su reproduire l’esprit d’amitié qui les liait à l’intérieur des lieux », raconte Sam Edery, directeur général bénévole.
Petit à petit, grâce à la générosité de ses membres, Nahar Chalom s’est bâtie. La congrégation a accueilli à ses débuts une vingtaine de familles. Elle compte aujourd’hui cent vingt familles membres.
« Nous tenons à remercier tous les merveilleux bénévoles qui ont contribué à l’essor de notre congrégation, notamment les fondateurs et les anciens présidents », dit Frédéric Dayan.
En dépit de son espace limité, Nahar Chalom offre à tous la possibilité de participer à la vie communautaire, mais au-delà de cela, elle offre à chacun un lieu de vie chaleureux où il fait bon être, une maison familiale pour ainsi dire qui surligne son attachement à la culture, à la liturgie et à la préservation identitaire et communautaire sépharades.
L’une des grandes forces de Nahar Chalom est indéniablement son rabbin, Yoel Dahan, et son cantor, David Lasry.
Le rav Yoel Dahan continue à diriger le Kollel, sépharade évidemment, dont il s’occupait depuis deux ans déjà avant de devenir le rabbin officiel de la congrégation. À l’origine, ils étaient quatre à venir étudier deux soirs par semaine. Aujourd’hui, ils sont une vingtaine en soirée. Ils arrivent de Côte-Saint-Luc, de Saint-Laurent ou d’Outremont, mais se rassemblent à Hampstead, à Nahar Chalom.
Les après-midis aussi sont pleins de vie. Des étudiants universitaires viennent quand ils ont un peu de temps, une heure, deux heures ou plus.
« Beaucoup d’étudiants ne se sentent pas à l’aise ailleurs. Ils ont trouvé à Nahar Chalom leur salle d’étude. Ils n’habitent pas à proximité, mais c’est le lieu où ils veulent être », dit le rabbin Yoel Dahan.
Les jeunes filles aussi ont la possibilité de venir étudier, discuter, voire même chanter ou écouter de la musique. Parallèlement au Kollel, un programme pour elles a également été mis en place. Elles viennent principalement des écoles juives sépharades.
« Le fait d’avoir un Kollel a attiré beaucoup de jeunes. Ça a également apporté une notoriété à la congrégation, la dynamique a complètement changé », ajoute le rabbin Yoel Dahan.
D’ailleurs, cela a amené la direction à créer un minian de jeunes, présents tous les Shabbats.
Toutes ces initiatives et ces programmes pour jeunes permettent l’implication de ces derniers. Ils sont la relève de demain.
Laurence Essiminy, vice-présidente, responsable de plusieurs dossiers en cours, souligne que ces programmes ont donné lieu à quelques mariages et que, d’ici peu, Nahar Chalom va « avoir ce noyau, constitué de jeunes familles ».
« À travers le Kollel et notre programme pour filles, la prochaine génération est là », dit le rav Yoel Dahan.
D’une même voix, Laurence Essiminy et Sam Edery mettent en avant la complicité entre les jeunes et les anciennes générations, l’absence de barrière entre les âges.
Par rapport à la religion, le rabbin Yoel Dahan constate également l’harmonie dans la différence. Il n’existe en effet, dans la synagogue, aucune distinction entre les différents niveaux de pratique religieuse de ses membres. La coexistence harmonieuse et respectueuse de chacun, quel que soit son degré d’observance religieuse, est une réalité naturellement intégrée.
Pour Frédéric Dayan, coprésident, l’aspect communautaire est essentiel : « Tous ensemble, on est là. Que ce soit un Chomer Shabbat, ou pas du tout Chomer Shabbat, qui vienne étudier à notre Kollel, il y a cette force qui est là, cette ouverture. C’est très important de le souligner. »
Le communautaire, c’est bien sûr également le soutien aux familles, aux aînés, l’aide récurrente ou plus sporadique aux plus vulnérables, ceux qui ne sont pas en mesure de pourvoir à leurs besoins alimentaires ou de payer leur loyer.
« La générosité de nos membres est extraordinaire », dit Frédéric Dayan.
Nahar Chalom compte parmi ses membres de grands leaders communautaires impliqués entre autres à la Fédération, à la CSUQ, à Ometz ou au remarquable programme social Hessed de la CSUQ.
« Ce sont des leaders admirables qui ont à cœur autant la communauté juive que Montréal. Ce sont des bénévoles très généreux de leur temps et de leur argent. Pour eux, Montréal revêt une importance particulière, c’est pourquoi ils ont choisi de s’y ancrer et de s’y épanouir », dit Yohah Ohayon, coprésident.
La notion de famille, au sens large et communautaire, est ainsi omniprésente et porte chaque action menée par chacun à Nahar Chalom.
Parlant d’action, celle qui s’en vient va venir répondre au défi le plus grand de la congrégation et de ses membres : agrandir les locaux de façon à pouvoir accueillir de nouvelles familles.
Le projet est déjà élaboré. Il inclut une salle des fêtes et un véritable lieu d’étude qui abritera le Kollel. Calendrier précis, plan de financement, plan de transition, autorisations de la ville, zonage et, surtout, prise en charge de la totalité du projet par une personne d’expérience, Yohan Ohayon. Tout est en place.
« La force derrière ce projet de construction, c’est qu’on veut que nos enfants aient quelque part où être. Avoir 45 nouvelles familles, incluant de jeunes familles, qui viennent ici tous les samedis, avec leurs enfants qui courront partout, c’est ça notre objectif principal », nous confient Frédéric Dayan et Yohan Ohayon.
Ces derniers souhaitent que leur succession à la présidence soit assurée par « un quadragénaire, parent d’enfants qui seraient eux aussi à Nahar Chalom comme à la maison. »
Crédit photo : © Roland Harari