Le Centre Yazamut 360 du Néguev à la fine pointe de l’entrepreneuriat
Des partenariats d’entrepreneuriat prometteurs entre le Québec et Israël
Par Elias Levy
Le Centre d’entrepreneuriat Yazamut 360 de l’Université Ben Gourion du Néguev (BGN) a développé un modèle d’enseignement unique et très avant-gardiste qui a séduit des universités québécoises.
Rencontre avec Dana Gavish-Fridman, fondatrice du Centre Yazamut 360 et vice-présidente de l’entrepreneuriat à BGN Technologies (la compagnie de transferts technologiques de l’Université Ben Gourion).
Quelle est la singularité du Centre d’entrepreneuriat Yazamut 360 ?
Le Centre Yazamut 360, créé en 2018, n’est affilié à aucune faculté de l’Université Ben Gourion ni à aucun champ spécifique. Cependant, nos méthodes d’enseignement et les nombreux projets entrepreneuriaux que nous menons à terme ont un impact sur différentes disciplines enseignées à l’Université Ben Gourion: l’ingénierie, la médecine, les biotechnologies, la psychologie, la géographie… L’entrepreneuriat se retrouve dans de nombreux domaines quand on a les outils adéquats pour le développer.
Les programmes offerts par le Centre Yamazut 360 sont uniques. Leur but n’est pas de créer de nouvelles start-ups, mais de fournir aux étudiants les outils nécessaires pour développer de bonnes habiletés en matière d’entrepreneuriat.
La création d’une start-up est le résultat d’un long et exigeant processus d’apprentissage parsemé d’écueils et de défis.
Nos programmes permettent à des chercheurs et à des étudiants de l’Université Ben Gourion, de même qu’à des entrepreneurs de la région du Néguev, d’élargir leur compréhension du monde des affaires et de traduire les connaissances développées dans les laboratoires en initiatives commerciales. L’objectif de notre programme n’est pas axé uniquement sur le développement de projets entrepreneuriaux, mais aussi sur le renforcement des soft skills (capacités intrinsèques) de nos élèves.
Nous voulons que toutes les personnes qui suivent les programmes de notre centre apprennent à travailler en équipe, à réfléchir sur de grands problèmes auxquels fait face l’humanité, à explorer des pistes de solution potentielles pour résoudre ceux-ci…
Notre approche en matière de recherche est assez unique. Notre but final n’est pas la création d’une start-up, mais le succès de personnes inspirées par notre modèle. Le résultat est souvent la création d’incroyables start-ups.
En matière d’entrepreneuriat, y a-t-il des points communs entre le Québec et Israël ?
Oui, il y a de nombreuses similarités entre le Québec et Israël. Les deux nations appréhendent les défis et les problèmes avec une perspective globale. Elles envisagent le marché non pas comme un espace cloisonné, mais comme un large espace global. Un autre grand atout du Québec et d’Israël dans le créneau de l’entrepreneuriat : la riche diversité ethnique des deux sociétés. Celle-ci engendre une large diversité de points de vue, de savoir-faire, de perspectives. Cette diversité ethnique contribue à paver la voie à de grandes réalisations dans le champ entrepreneurial.
Le Centre Yazamut 360 a développé des liens avec le programme d’entrepreneuriat de l’Université de Montréal (UdeM).
Oui. En juin 2023, une délégation de l’UdeM, représentant le programme d’entrepreneuriat Millénium Québecor, s’est rendue en Israël pour rencontrer leurs homologues du Centre Yamazut 360.
La délégation montréalaise a trouvé à l’Université Ben-Gourion un modèle inspirant pour enrichir le programme Millénium Québecor.
Le fonds d’Entrepreneuriat universitaire Québec-Israël lancé en 2024 contribuera-t-il à encourager les partenariats entre le Centre Yamazut 360 et les universités québécoises ?
Oui, sans aucun doute. Ce fonds est une excellente initiative qui arrive à point nommé à une période très difficile pour Israël. Ces dernières années, le Centre Yamazut 360 a établi plusieurs partenariats, fort prometteurs, avec des universités et des centres d’innovation européens et nord-américains. Notre approche d’enseignement et notre vision de l’entrepreneuriat ont grandement séduit ces institutions.
Ce qui rend aussi très attractif le travail que nous réalisons, c’est l’écosystème très stimulant dans lequel nous œuvrons : Israël, la Start-up Nation excellant dans les domaines de la haute technologie et de la recherche appliquée de pointe; l’Université Ben Gourion du Néguev, une pépinière bouillonnante d’innovations et de start-ups; le Technoparc, qui regroupe de nombreuses entreprises de haute technologie, fruit d’un étroit partenariat entre l’Université Ben Gourion et la ville de Beer Sheva…
Nous allons encourager les échanges et l’élaboration de projets d’entrepreneuriat communs entre les étudiants du Centre Yamazut 360 et ceux du programme Millénium Québecor de l’UdeM.
Le Centre Yamazut 360 s’est doté de son propre fonds de capital. Présentez-nous celui-ci.
Peu de temps après mon arrivée à l’Université Ben Gourion, nous avons créé Cactus capital, un fonds dont le principal but est de soutenir et financer des projets d’entrepreneuriat initiés pas nos étudiants. Pour investir efficacement dans nos étudiants, il faut parler leur langage.
Nous avons invité un étudiant en première année en génie industriel à démarrer un fonds, à créer un comité pour gérer celui-ci et à investir dans cinq différents projets entrepreneuriaux concoctés par des étudiants.
Nous avons aussi décidé de créer parallèlement à Cactus Capital, Cactus Académie. Objectif : sélectionner 35 étudiants chaque année qui apprendront à analyser un investissement potentiel, à prospecter un marché, à miser sur une technologie susceptible de porter un projet et à analyser le degré de potentialité de celui-ci.
Pendant six mois, nous enseignons à ces 35 étudiants comment devenir des investisseurs. Ensuite, pendant six mois, ils suivent un stage au cours duquel ils évaluent des projets proposés par leurs confrères. Ils décident alors si ces projets doivent être financés ou non par Cactus capital. Ce programme est très populaire. Quelque 1500 étudiants soumettent leur candidature chaque année.
Israël traverse une période très ardue de son histoire. Comment envisagez-vous le futur ?
Depuis les événements tragiques du 7 octobre 2023, les Israéliens sont confrontés à des jours très difficiles. L’Université Ben Gourion a été très durement touchée par l’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par les terrroristes du Hamas et la guerre très longue et très coûteuse en vies humaines qui s’en est suivie.
Plusieurs dizaines d’étudiants, de professeurs et de membres du personnel administratif de notre université ont été tués. Une immense perte pour notre institution.
Noah Argamani, kidnappée par le Hamas le 7 octobre et libérée huit mois plus tard par Tsahal, est une étudiante de notre programme de leadership. Nous avons tous priés pour son retour et celui des autres otages encore détenus à Gaza.
Quand nous avons repris le trimestre en janvier 2024, nous ne savions pas dans quel état d’esprit seraient nos étudiants après avoir vécu un traumatisme aussi profond. Ils sont revenus avec un esprit de résilience incroyable. C’est ce qui nous motive à percevoir quelques rayons de soleil au bout de ce tunnel sombre qu’a été la dernière année pour le peuple d’Israël.
Crédit photo : © UBG