La relève au rendez-vous : rencontre avec Arielle Oiknine et Patrick Bensoussan
Arielle Oiknine, 38 ans, orthophoniste au CHU Sainte-Justine, et Patrick Bensoussan, 43 ans, ingénieur, sont deux leaders très impliqués à la CSUQ depuis de nombreuses années.
Ils se sont rencontrés au Camp Igloo (ancêtre du Camp Kif Kef) il y a 21 ans. Une rencontre très fructueuse. Ils sont aujourd’hui mari et femme et parents de deux enfants, Sofia, 10 ans, et Lior, 8 ans.
Arielle et Patrick ont grandi dans des familles où le bénévolat communautaire était très valorisé. Ils ont tous les deux un parcours communautaire marquant.
Ils souhaitent transmettre à leur tour à leurs enfants leur enthousiasme débordant pour l’engagement communautaire.
À titre d’anciens campeurs et directeurs de Kif Kef, ils ont passé à la fin de l’année une semaine dans ce camp en compagnie de leurs enfants.
« C’était la première fois que Sofia et Lior campaient à Kif Kef. Ils ont beaucoup aimé l’expérience. Ils nous observaient quelque peu hébétés, Patrick et moi, qui nous amusions tout en travaillant sans relâche auprès des membres de la formidable équipe de Kif Kef », raconte Arielle.
Cette année, la CSUQ a décidé de lancer une nouvelle initiative : la création d’un comité regroupant les anciens moniteurs et directeurs du Camp Kif Kef. Objectif : prêter main-forte à la nouvelle génération de campeurs et de directeurs de Kif Kef. Partager avec ces derniers leur expertise éprouvée.
« Que de beaux moments à Kif Kef. Nous, les anciens, avons constaté que certaines traditions que nous avons instaurées il y a longtemps ont été reprises cette année. Quand on a assisté aux Maccabiades, la grande journée du camp, on a réalisé que des activités que nous avons créées il y a des années sont toujours inscrites au programme. Ils ont réussi à garder l’essence de plusieurs traditions tout en les adaptant au goût du jour. Les générations changent, mais les traditions perdurent. C’est très beau à voir », dit Patrick.
Arielle constate avec bonheur que la relève auprès des jeunes de notre communauté n’est pas un vœu pieux, mais une réalité concrète.
« Tout comme mes deux enfants, beaucoup de campeurs sont les enfants d’anciens animateurs et directeurs du camp. Une très belle relève. Cette continuité est certainement un gage de confiance en l’avenir. »
Patrick envisage aussi avec optimisme le passage du flambeau communautaire à la nouvelle génération.
« On entend souvent nos amis, parents d’enfants, dire que la nouvelle génération est difficile et trop gâtée, que nos jeunes ne sont pas attirés par l’engagement au sein de leur communauté. Or, quand on arrive au Camp Kif Kef, on constate que les jeunes sont tout aussi impliqués que nous l’étions quand on avait leur âge. Ils aiment le Camp Kif Kef tout autant que nous l’aimions dans notre temps. »
Comment Arielle et Patrick entrevoient-ils l’avenir de l’identité sépharade?
« Je pense que l’identité sépharade change avec le temps. Mais les traditions et les mœurs sépharades demeurent : la liturgie, les prières, notre façon de vivre, la chaleur, la générosité, l’amour qu’on a l’un envers l’autre… Ce mode de vie sépharade perdure. C’est très important qu’il soit préservé par les nouvelles générations parce que c’est l’un des socles fondamentaux de l’identité sépharade », dit Arielle.
Patrick affiche un optimisme lucide pour ce qui est de l’avenir de l’identité sépharade.
« La prochaine génération de Sépharades fera des choix. Elle retiendra probablement du sépharadisme les choses qui lui paraissent les plus utiles et les plus importantes. Certains éléments de l’identité sépharade, telle que ma génération la vit aujourd’hui, s’effilocheront certainement. Certaines valeurs, pas nécessairement culturelles, seront préservées. Nous on a pris le meilleur de l’identité sépharade de nos parents, qui étaient très attachés au Maroc. Est-ce que mes enfants seront plus canadiens que marocains? Ils seront peut-être plus anglophones que francophones! Une chose est certaine : les points de repère que nous a légués la génération de nos parents ne sont plus les mêmes aujourd’hui. »
Pour Arielle, le Camp Kif Kef a été le début de sa formation de leadership communautaire.
« En tant que jeune leader sépharade, on avait des jeunes sous notre supervision, on a développé notre façon de faire. Ce qui est intéressant, c’est qu’à travers les années, nous avons été témoins d’une évolution. Ce qu’on nous a transmis au Camp Kif Kef il y a vingt ans a été adapté intelligemment par la génération suivante. C’est la plus belle des formations de leadership. Aujourd’hui, à 38 ans, j’apprends encore tous les jours des moniteurs et des directeurs actuels de Kif Kef. »
Le Camp Kif Kef est aussi « un lieu d’apprentissage de la vie », rappelle Patrick.
« Au Camp Kif Kef, il y a des choses qu’on apprend de la vie qu’on n’apprend pas ailleurs, ni à l’école, ni à la maison, ni dans les traditions. »
Crédit photo : © CSUQ