Entrevue avec David Ohayon, président du département jeunes familles / jeunes adultes de la CSUQ
David Ohayon, 44 ans, entrepreneur, est le président du département jeunes familles/jeunes adultes de la CSUQ.
Impliqué activement au sein de la CSUQ depuis 2010 et membre de son conseil d’administration depuis 2023, il a assumé diverses fonctions : coprésident du programme de leadership, coprésident de deux campagnes de financement majeures, en 2024, membre du comité de nomination du nouveau président/de la nouvelle présidente de la CSUQ…
Au cours d’une entrevue, David Ohayon nous a parlé des principaux objectifs et défis du département qu’il préside.
Quand et pourquoi la CSUQ a-t-elle décidé de créer un département pour les jeunes familles et les jeunes adultes ?
À la fin 2022, Karen Aflalo, présidente sortante de la CSUQ, m’a contacté. Comme nous avions déjà déjà collaboré sur plusieurs projets à la CSUQ, elle m’a proposé de présider ce nouveau département dédié aux jeunes adultes et aux jeunes familles. Refuser une demande de Karen, c’est presque impossible, alors j’ai accepté de relever ce défi avec enthousiasme.
Ce nouveau département est né d’un besoin essentiel : celui d’impliquer davantage les jeunes adultes et de leur offrir des programmes adaptés à leurs attentes et à leurs aspirations. La tranche d’âge cible de ce département : 25 à 45 ans.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence de ce département ?
C’était un nouveau défi pour moi. À mon avis, la plupart des bénévoles au sein de la communauté n’ont pas besoin de beaucoup de motivation pour s’engager. Ils sont toujours prêts à relever de nouveaux défis et à contribuer à l’évolution et à la croissance de notre communauté.
Quels sont les grands défis du département jeunes familles/jeunes adultes ?
La tranche d’âge visée par ce département se concentre à la fois sur le développement d’une carrière professionnelle et la construction d’une famille. Combiner ces deux aspects, c’est déjà un défi immense en soi.
Je dirais que le plus grand défi réside dans le fait d’inciter ces futurs leaders à s’impliquer et à intégrer la communauté dans leur vie qui est déjà bien remplie avec leurs responsabilités professionnelles et familiales. Pourtant, leur engagement est crucial, car ce sont eux qui façonneront l’avenir de notre communauté.
Présentez-nous le nouveau programme de leadership de la CSUQ, coprésidé par Emmanuelle Ouellette et Marc Edery.
Ce nouveau programme de leadership est le fruit de plus d’une année de travail. En collaboration avec plusieurs jeunes leaders communautaires de longue date, nous avons soigneusement sélectionné un groupe de candidats prometteurs pour y prendre part.
Ce programme est un véritable cadeau de la CSUQ aux jeunes professionnels d’aujourd’hui, conçu exclusivement pour leur bénéfice personnel et professionnel. Il représente une opportunité unique d’acquérir des outils précieux, susceptibles de les accompagner tant dans leur carrière que dans leur développement personnel.
Le programme s’articulera autour de quelques sessions clés, couvrant des thématiques essentielles, telles que l’identité en tant que leader, le réseautage, la négociation et la planification stratégique, pour n’en nommer que quelques-unes. Ces sessions ont été pensées pour offrir aux participants des connaissances pratiques et des perspectives nouvelles qui les aideront à s’épanouir dans leurs parcours respectifs.
Ce programme n’impose aucun engagement ni aucune obligation aux participants une fois celui-ci terminé. Toutefois, nous espérons qu’il pourra ouvrir la voie à de futures synergies entre la CSUQ et ces jeunes talents, permettant à leurs chemins de se croiser à nouveau au fil du temps.
La relève communautaire est certes un grand défi. La CSUQ confère-t-elle une place de choix aux jeunes adultes dans ses principales instances décisionnelles ?
Je suis convaincu que les jeunes adultes perçoivent la CSUQ avant tout comme un organisme qui crée et gère des programmes destinés à toutes les générations, mais principalement aux enfants. Dans cette optique, il est possible qu’ils ne ressentent pas le besoin de s’impliquer au niveau décisionnel supérieur de la CSUQ, d’autant plus que les programmes proposés sont, pour la plupart, récurrents. Il existe également une certaine méconnaissance des autres aspects et des différentes missions de la CSUQ.
Préserver l’identité sépharade parmi les jeunes adultes sépharades, dont un nombre non négligeable parlent plus l’anglais que le français, c’est un objectif difficile ?
Au cours des vingt dernières années, nous avons manifestement observé une tendance marquée dans notre communauté : une transition linguistique de l’usage du français à la maison et entre pairs vers l’anglais. Mais malgré cette évolution, je reste convaincu que les jeunes adultes d’aujourd’hui, majoritairement nés au Canada de parents immigrés, conserveront une identité sépharade forte et bien ancrée. Cependant, le véritable défi résidera dans la génération suivante : celle dont les parents ne seront plus des immigrants, mais des Canadiens de souche nés ici. Ce sera cette génération qui déterminera jusqu’où les traditions et les racines de notre communauté pourront perdurer dans un contexte culturel profondément canadien et anglophone.
Comment envisagez-vous l’avenir de l’identité sépharade au Québec ?
Malheureusement, je n’ai pas de boule de cristal, mais, comme mentionné précédemment, je pense qu’il sera extrêmement difficile de préserver le même niveau d’identité sépharade au sein des générations futures. La génération de nos grands-parents, issue majoritairement de l’immigration en provenance du Maroc, a su transmettre ses traditions. Cependant, il est difficile d’aller à l’encontre de l’évolution naturelle qui se produit entre la première et la troisième ou quatrième génération d’immigrants.
Je crois également que Montréal a connu une évolution unique, peut-être même au ralenti, en grande partie grâce à l’usage du français, qui nous a distingués de la communauté juive déjà établie au Québec, majoritairement anglophone. Toutefois, ce phénomène n’a peut-être fait que retarder l’inévitable. Je crains qu’il continue d’y avoir une érosion progressive de l’identité sépharade dans notre communauté.
Crédit photo : © D. Ohayon