Les Israéliens et les Canadiens aux Jeux olympiques

Outre le boycottage des jeux de 1980 à Moscou, Israël a toujours envoyé une délégation aux jeux. En 1992, à Barcelone, c’est au Judo qu’Israël remporte deux médailles. La première d’argent avec Yael Arad, suivi d’une médaille de bronze pour Oren Smadja. En 1996, Gal Fridman, gagne la médaille de bronze en planche à voile (Mistral) et à Sydney en 2000, une autre médaille de bronze est remportée par Michael Kolganov, en kayak.
Mais pour les médailles d’or, il faudra attendre les jeux d’Athènes en 2004 avec Gal Fridman en planche à voile, première médaille d’or aux JO dans l’histoire d’Israël.
Forte cette année d’une délégation de 90 athlètes à Tokyo, ces jeux ont été un couronnement avec 2 médailles d’or : Artem Dolgopyat, 24 ans, à l’exercice au sol en gymnastique artistique masculine, et Linoy Ashram, 22 ans, à la gymnastique rythmique.
Artem quitte l’Ukraine pour Israël avec sa famille à l’âge de 12 ans. Ayant quelques difficultés à s’acclimater dans son nouveau pays, il trouve un exutoire dans le gymnase et la salle de sport. Depuis son enfance, et grâce à l’exemple de l’expérience de son père en gymnastique, Artem n’a cessé de remporter des victoires et des médailles au fur et à mesure de son ascension dans ce sport. Envers et contre tout, au-delà des blessures et des revers, il a eu comme mentor Shatilov, un autre gymnaste ayant représenté Israël aux Jeux olympiques de 2008, 2012 et 2016. Son futur rêve : obtenir une autre médaille d’or olympique à Paris en 2024, de quoi s’occuper pour les 3 prochaines années!
Quant à Linoy, originaire de Rishon Letsion, elle a déjà tout un palmarès! Avant d’atteindre ce sommet à Tokyo, elle a remporté des dizaines de médailles aux championnats mondiaux et européens. À Pésaro en 2017, 2 médailles de bronze; à Sofia en 2018, 2 d’argent et 1 de bronze; et enfin, à Bakou en 2019, 4 médailles d’argent et 2 de bronze!
Au judo, Or Sasson, Sagi Moki et Tohar Butbul, qui n’ont pu décrocher en individuel les médailles tellement attendues, ont largement compensé leur déception grâce à leur performance en équipe mixte de judo. Sous la houlette de leur entraîneur Oren Smadja, lui-même médaillé de bronze lors des Jeux olympiques en 1992, ils ont ainsi obtenu avec les autres athlètes femmes de l’équipe, le bronze contre la Russie. Une très belle réalisation. Idem au Taekwondo avec la jeune Avishag Semberg, 19 ans, qui décrocha le bronze dans la catégorie des moins de 49 kilos.
Il n’y a pas que les épreuves en soi qui marquent les esprits. Il y a aussi, derrière les rideaux, des évènements importants. Parmi ceux-ci, on ne peut taire le cas du judoka iranien Saeid Mollaei qui a fui l’Iran en 2019, après avoir été contraint de refuser d’affronter un judoka israé-lien Sagi Moki. Depuis, Mollaei a quit-té son pays natal pour l’Allemagne et a acquis la nationalité mon-gole afin de participer à Tokyo. Après avoir reçu sa médaille d’argent, il l’a dédiée à Israël en souli-gnant sa reconnaissance pour le soutien au fil des ans! Un beau message en-voyé au régime des Mol-lahs. Quand la haine est remplacée par la paix et la reconnaissance, on peut dire qu’il n’y a pas de li-mite aux multiples pos-sibles et à la coexistence.
Depuis sa première parti-cipation aux Jeux Olym-piques, Israël a obtenu 13 médailles dont 3 d’or, 1 d’argent et 9 de bronze . À Tokyo, Israël a dépassé le résultat combiné des trois derniers Jeux olympiques. En bref, Tokyo est la plus grande réussite dans l’his-toire de ce pays.
Le Canada et les jeux de Tokyo.
Le Canada a décroché à Tokyo 24 médailles, dont 7 d’or, 6 d’argent et 11 de bronze. Aux Jeux olympiques de Rio, en 2016, le total des médailles était de 22 dont 4 d’or, 3 d’argent et 15 de bronze. Comme Israël, c’est une récolte historique.
Les athlètes féminines, comme à Rio en 2016, en sont les grandes responsables. Elles nous ont apporté 18 médailles. En natation, les nageuses ont ouvert le bal avec une médaille d’argent au 4 x 100 m style libre, notamment grâce à une remontée spectaculaire de Penny Oleksiak, dernière relayeuse. Parmi cette équipe, Margaret Mac Neill a dominé le 100 m papillon avec une première médaille d’or alors que Kylie Masse a obtenu l’argent au 100 m dos. À 21 ans, Oleksiak a ajouté une sixième médaille olympique à sa collection au 200 m style libre. En battant ses propres records, elle est devenue l’athlète canadienne la plus décorée de l’histoire des Jeux olympiques.
Pour le plongeon au 3 m synchronisé, Jennifer Abel et Mélissa Citrini-Beaulieu ont été couronnées avec une médaille d’argent. Jennifer était arrivée 4e à Rio, en 2016, une revanche.
Pour rester dans l’eau, au Canoë-Kayak, Laurence Vincent Lapointe a réalisé son rêve en décrochant la médaille d’argent au 1 200 m. En duo, avec Katie Vincent, elles ont récolté la médaille de bronze au C-2 500, une épreuve des plus épuisantes. Laurence Vincent Lapointe a ainsi bouclé ses premiers JO avec deux médailles.
En aviron, Caileigh Filmer et Hillary Janssens ont donné au Canada une première médaille de bronze. Le lendemain, c’est la formation canadienne de huit de pointe qui arrache la médaille d’or, une première depuis 29 ans. Parmi les 8 rameuses, Kasia Gruchalla-Wesierski, Québécoise ayant habité à Saint-Bruno et qui demeure aujourd’hui en Alberta. Connaissant personnellement sa famille, c’est avec une plus grande émotion que j’ai suivi cette épreuve! Un conte de fées.
Au judo, Jessica Klimkait est entrée dans l’histoire en devenant la première judoka canadienne à rafler une médaille. Vingt-quatre heures après, c’est au tour de la Québécoise Catherine Beauchemin-Pinard de l’imiter, toutes les deux ont gagné la médaille de bronze.
On peut se tourner vers d’autres disciplines pour saisir l’ampleur de ces belles réalisations, en haltérophilie, une médaille d’or par la Québécoise Maude Charron avec son meilleur résultat de 105 kg à l’arraché. Elle est la deuxième haltérophile féminine à gagner l’or olympique après Christine Girard aux jeux de Londres, en 2012.
En athlétisme, la grâce de André De Grasse a pris son envol. Après une médaille de bronze pour la course qui consacre l’homme le plus rapide au monde, au temps de 9,89 s au 100 m, il gagne sa médaille d’or au 200 m. Il devient le roi du 200 m avec un chrono de 19,62 s, un record national. En offrant à ses coéquipiers une médaille de bronze au 4 x 100 m, à 26 ans, il a reçu sa troisième médaille aux Jeux de Tokyo et la sixième de sa carrière.
L’athlète le plus complet des Jeux olympiques est sans aucun doute Damian Warner, l’homme fort du décathlon. Premier canadien de l’histoire à décrocher l’or à cette compétition constituée de 10 épreuves, il brise le record olympique et devient le quatrième décathlonien à franchir le cap des 9 000 points. L’Ontarien de 31 ans est le porte-drapeau canadien à la cérémonie de clôture.
Au 50 km marche, Evan Dufee a effectué une remontée spectaculaire dans le dernier kilomètre pour s’offrir la médaille de bronze tandis que Mohammed Ahmed décroche la médaille d’argent au 5 000 m. Ces deux épreuves ont eu lieu dans des conditions de grande humidité et ont exigé des efforts, c’est le cas de le dire, surhumains.
En cyclisme sur piste, Kelsey Mitchell a causé toute une surprise en remportant la médaille d’or au sprint. Dans la même foulée, Lauriane Genest a raflé la médaille de bronze au keirin, le premier podium canadien de l’histoire dans cette épreuve.
En softball féminin, l’équipe canadienne a vaincu le Mexique et a remporté la médaille de bronze.
Au basket-ball et au volley-ball de plage, la déception est grande. Classées 4e au monde, les basketteuses canadiennes n’ont pu se qualifier aux huitièmes de finale. Idem pour les deux équipes des volleyeuses qui ont gagné tous les matchs préliminaires, mais ont échoué aux épreuves éliminatoires des quarts de finale.
Soccer/football féminin. Il y a belle lurette que les Canadiennes n’avaient pas battu les Américaines au soccer. Auparavant, les Canadiennes pouvaient perdre jusqu’à 9-0 contre les États-Unis. En demi-fi-nale à Londres, en 2012, l’arbitre avait rendu une décision controversée, qui avait permis alors aux Américaines d’égaliser, puis de gagner 4-3 dans les arrêts de jeu. Depuis, les Canadiennes ont souvent tenté de venger cet affront. Sans succès. À Tokyo, elles ont enfin réussi à briser ce tabou avec une victoire de 1-0, même si les Américaines ont lar-gement dominé la partie.
La gardienne canadienne Stéphanie Labbé a dû s’illustrer à plusieurs reprises pour parer les multiples tirs des Américaines. C’est la jeune Jessie Fleming, 23 ans, qui a réussi un tir de pénalité. Adolescente, Fleming était surtout une étoile de l’athlétisme ayant remporté trois fois le championnat scolaire de l’Ontario au 1 500 m et au 3 000 m.
En finale, le Canada vainc la Suède en tirs de barrage et décroche l’or. Comme avec les Américaines, les Suédoises ont souvent dominé, mais n’ont pu concrétiser de but. Il s’agit du premier titre olympique de l’histoire du Canada.
Cette médaille d’or canadienne est d’autant plus remarquable qu’elle est la première depuis plus d’un siècle, dans un sport collectif aux Jeux d’été. Cette victoire, c’est aussi la concrétisation de 10 ans d’efforts de la capitaine et attaquante Christine Sinclair. À 36 ans, le 29 janvier 2020, elle avait été consacrée la meilleure buteuse de toute l’histoire du soccer féminin. Aujourd’hui, à 38 ans, elle qui était là dans les périodes les plus sobres de l’équipe nationale, c’est avec une joie immense qu’elle a fêté cette médaille d’or.
Un bref rappel, c’est avec John Herdman comme entraîneur-chef qu’une refonte en profondeur du programme de l’équipe féminine a eu lieu. Il a depuis pris les rênes de l’équipe masculine du Canada avec un succès remarquable. C’est l’entraîneuse Bev Priestman, son ex-adjointe, qui a pris le relais, pour les mener à la médaille d’or.
En passant, on peut souligner également une certaine évolution des mœurs olympiques. Pour la première fois, Quinn, la joueuse de soccer canadienne de 25 ans, est la première transgenre se déclarant non binaire à gagner une médaille olympique. Dans la même veine, on ne peut passer sous silence un arbitre de soccer transgenre, Sapir Berman, professionnel dans la première ligue nationale en Israël. L’inclusion de la diversité sociale et culturelle est toujours un défi qu’il faut chérir, surtout en contexte olympique avec la plus grande exposition à travers le monde.
Rendez-vous dans 3 ans à Paris pour les prochains jeux en 2024.
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