MOT DU PRÉSIDENT MARS 2021

Hon. Jacques Saada

 

« La Grande-Bretagne ne serait pas la Grande-Bretagne sans sa communauté juive. »

Le très honorable Boris Johnson, PM du Royaume-Uni (message de Hannouka 2019)

 

Chers amis de la communauté sépharade,
Je souhaite commencer par un aveu à ceux d’entre vous qui sont originaires du Maroc : je suis jaloux.
À un moment où Sa Majesté le roi du Maroc Mohamed VI fait œuvre de paix en ouvrant la porte à un rétablissement des relations diplomatiques avec Israël et en prenant de nombreuses initiatives visant à reconnaître et à enseigner la contribution juive à l’histoire de son pays, le président tunisien, Kaïs Saïed, se déclare ouvertement « ennemi d’Israël », qualifie de « haute trahison » toute relation avec Israël et tombe dans les clichés antisémites les plus primaires en accusant les « Juifs voleurs » d’être les responsables de la crise économique que traverse actuellement la Tunisie, ce pays de mon enfance heureuse.
Je n’ai pas coutume de me laisser aller à mon sport favori, la politique, dans les pages de La Voix Sépharade. Mais je ne peux passer sous silence l’enthousiasme et l’espoir que suscite en nous le souverain alaouite et l’immense tristesse que provoquent en moi les déclarations du chef de l’État tunisien.
Un dernier mot à saveur politique (et après, je m’arrête, c’est promis). Si vous n’avez pas écouté le discours du premier ministre britannique, Boris Johnson, à l’occasion de ses vœux de Hannouka de 2019, vous avez manqué quelque chose. Je vous encourage vivement à en voir la vidéo sur YouTube.
Sur la question de la cacherout, le Vaad Ha’ir continue de faire la sourde oreille à toutes nos demandes, qu’il s’agisse de publier ses actions chiffrées en matière de Hessed (aide aux démunis) ou de soutien à l’éducation (des obligations auxquelles il est censé être tenu en vertu de ses propres statuts communautaires), ou d’absence totale de représentation sépharade au sein de son conseil d’administration (vingt-cinq administrateurs, aucun Sépharade), alors que nous représentons près du quart de la population juive et plus des deux tiers de la consommation de cacherout de Montréal. Nos consultations de terrain en vue de corriger ces injustices révèlent que les Sépharades sont loin d’être les seuls à déplorer l’attitude autoritaire et fermée du Vaad Ha’ir qui ne semble pas comprendre à quel point il est de plus en plus déconnecté de l’ensemble de sa base communautaire juive. Nous examinons actuellement toutes nos options. Le statu quo n’en est pas une.
Comme suite à plusieurs interrogations émanant de membres de notre communauté, nous avons pu identifier certaines difficultés quant aux indemnités inhérentes à la « Claims Conference ». Nous avons ainsi offert au Centre Cummings (le gestionnaire de ce programme d’indemnisation allemande) tout notre soutien en vue de l’aider à mieux servir notre communauté. Si vous souhaitez savoir si vous êtes admissible à ces indemnités et à quelles conditions, veuillez consulter nos infolettres ou notre site Web ainsi que cette présente édition du LVS.
Notre planification stratégique pour 2021-2026 est très avancée. Plusieurs comités y travaillent intensément. Une fois terminée, elle constituera, après les états généraux (2019) et la modernisation de nos statuts et règlements (2020), le troisième et dernier volet de nos réformes de gouvernance, garantes de l’efficacité et de la pertinence de la CSUQ, ainsi que du respect qu’elle inspire toujours davantage à l’intérieur et à l’extérieur du monde juif.
Comme vous l’avez constaté, la CSUQ ne s’est pas laissée abattre par la COVID-19. Au prix d’efforts remarquables, nous sommes parvenus, seuls ou avec nos partenaires, à multiplier nos interventions de solidarité sociale. Nous avons réussi à vous offrir en ligne un Festival du cinéma israélien de Montréal, un pré-Festival et un Festival séfarad de Montréal, ainsi qu’un spectacle de Hannouka, des conférences, Aleph notamment, et une foule d’activités gratuites.
En outre, en collaboration avec le consulat d’Israël, la CSUQ a produit un remarquable documentaire sur les réfugiés de pays arabes et d’Iran qui, une fois sous-titré en français et en anglais, sera distribué aux écoles et bibliothèques du Québec. J’offre mes remerciements les plus chaleureux à tous les bénévoles (la liste en est très longue) qui, appuyés par une super équipe de professionnels, ont réalisé cette foule d’exploits.
Je nous invite à nous laisser inspirer par leur résilience et leur détermination. Je comprends toutes les atteintes psychologiques que nous subissons à cause de l’isolement qui nous prive du contact de nos proches, à cause du couvre-feu, qui peut rappeler de douloureux souvenirs à certains d’entre nous. Et pour beaucoup de gens de ma génération habitués aux soleils du sud, l’hiver est particulièrement difficile. Je comprends tout cela. Mais les vaccins sont là. La lumière se fait de plus en plus forte au bout du tunnel. Alors, nous allons tenir en nous serrant les coudes et en observant rigoureusement toutes les directives sanitaires. Demain, très bientôt, nous pourrons à nouveau sourire et serrer nos enfants et petits-enfants dans nos bras.
Au nom de la Communauté sépharade unifiée du Québec et en mon nom personnel, je vous souhaite d’excellentes fêtes de Pessah, ce puissant symbole de liberté, d’espoir et de renouveau que le judaïsme a offert au monde.

.Hon. Jacques Saada,
Président, CSUQ

saadaj@videotron.ca

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