Maimonides On Hanukah, Purim and World Peace (Traduction française à suivre)

PAR Rabbin Yamin Levy

Yamin Levy
Hanukah and Purim share common aspects of the Jewish law
In his superbly organized Mishneh Torah (MT), HaRambam, Maimonides (12th century), found it fit to place Purim and Hanukah together at the end of Hilkhot Zemanim, the volume relating to holy days. As Maimonides notes, these two holy days share several halakhic (aspects of the Jewish law), features in common.
“Eulogies and fasting are forbidden on these days (Hanukah), just as they are on Purim. The lighting of candles on Hanukah is a commandment based on the authority of the Rabbis like the reading of the Megillah, (the Book of Esther)”, in Mishneh Torah Hilkhot Meguillah v’Hanukah 3:3.
In the next halakha, law, he adds:
“Whomever is obligated to read the Megillah is obligated to light the Hanukah candles” (ibid 3:4)
Additionally, these two holy days share the recitation of Al Hanissim in the Amida and in Birkat HaMazon 1

Moses Maimonides
Beyond the technical halakhic similarities between Purim and Hanukah, Maimonides sees these two holy days as the opportunity to introduce a theme central to his world view. The theme of peace in the home, in the community, and in the world.
Holidays celebrating victories for the establishment of peace
Both Purim and Hanukah celebrate the victory of the Jewish people over their enemies. In fact, this is the theme Maimonides emphasizes when recording the Talmudic reason for the celebration of Hanukah. While he alludes to the “pure olive oil” that should have lasted one day “yet they kept alight for eight days until they could press olives and produce ritually pure oil” (MT, Hilkhot Megillah v’Hanukah 3:1), one cannot but help notice how HaRambam leaves out the word “a miracle was performed” which appears prominently in the Talmudic passage (Shabbath Treaty 21a of the Babylonian Talmud). This omission is found in all printed manuscripts of the Mishneh Torah and in the updated academic printed editions.
Students of Maimonides are not surprised by this exclusion. It is consistent with HaRambam’s aversion to interruptions in the regular order of nature. His formulation allows for the possibility that the oil lasted an unusually long time based on prudent usage of the limited amount available.
This leaves the military victory as the primary reason that the Chachamim, the Sages, established Hanukah as a celebration. Like Purim, Hanukah celebrates the victory of the Jewish people against those who seek to destroy them. This then explains another pattern the careful reader of the Mishneh Torah may have noticed. HaRambam ends both chapters about the laws of Hanukah and the laws of Purim with a magnificent derasha (interpretation) about the significance of peace.
The penultimate laws of Hanukah, written in passionate language, describe the importance of the mitzvah (commandment) to light the Hanukah:
The mitzvah of Hanukah is “exceedingly precious, and one should be particularly careful to fulfill it”. “Even if one has no food to eat and lives off charity, he should beg or sell his garment to buy oil and light” (MT, Hanukah 4:12)
And yet, HaRambam concludes that if one is faced with having to make a choice between using one’s last penny to buy oil for Shabbath or for Hanukah – one must prioritize Shabbath because ner Shabbath (the light of Shabbat), is for shalom bayit (peace in the home), and Shalom Bayit is of the highest importance. HaRambam continues in Hilkhot Hanukah by stating:
“Great indeed is peace, for the entire purpose of the Torah was to bring peace upon the world, as it is said: ‘Its ways are ways of pleasantness, and its paths are peace’ (Prov. 3:17)” (MT, Hilkhot Megillah v’Hanukah 4:14)
The significance of this principle might have been better suited in Hilkhot Yesodei HaTorah, a treaty specifically dedicated to the laws of the foundation of the Torah, and yet HaRambam tucked it away here in Hilkhot Hanukah.
The laws of Purim conclude with a similar derasha – an interpretation that I would argue sets the stage for the conclusion of the laws of Hanukah and a powerful conclusion for the book of Zemanim.
Regarding Purim, HaRambam writes:
“In messianic times… all memory of ancient troubles will disappear…but the days of Purim will not cease to be observed as it is said: and these days of Purim ….” (MT, Hilkhot Meguilla v’Hanukah 2:18)
HaRambam here invokes the Messianic era. According to HaRambam this will not be a time when the Jewish people will exercise power or force (MT Hilkhot Melachim (Laws of kings), chapters 10, 11, 12). Rather it will be a time characterized by peace, shared knowledge of God, and cooperation between all of humankind, as Maimonides writes towards the end of Hilkhot Melachim:
“Even with respect to the goyyim (the non-Jews), the rabbis insist that we visit their sick, bury their dead along with the dead of Israel, and maintain their poor with the poor of Israel in the interest of peace, as it is written: ‘The Lord is good to all, and His tender mercies are over all His works’ (Psalms 145:9). And it is also written, ‘The Torah’s ways are ways of pleasantness, and all its paths are peace’ (Proverbs 3:17)” (MT Hilkhot Melachim 10:12)
Le point de vue de Maïmonide sur Hanoukah, Pourim et la paix dans le monde
Par le rabbin Yamin Levy, traduction de Yolande Amzallag*
Les points communs dans la loi juive entre les fêtes de Hanoukah et de Pourim
Dans sa conception si savamment structurée du Michné Torah (MT), Maïmonide dit le Rambam (12e siècle) a jugé bon de regrouper Pourim et Hanoukah à la fin du volume Lois sur les fêtes (Hilkhot Zemanim), qui porte sur les jours de fêtes. Comme il le souligne, ces deux fêtes ont plusieurs aspects de la loi juive en commun
« Il est interdit [pendant ces huit jours de Hanoukah] de prononcer une oraison funèbre et de jeûner, comme durant les jours de Pourim. L’allumage des lumières est un commandement d’ordre rabbinique, comme la lecture de la Méguila (le Rouleau d’Esther). » 2
Il poursuit en citant la loi (halakha) suivante :
« Quiconque est astreint à la lecture de la Méguila est astreint à l’allumage des lumières de Hanoukah. » 3
Un autre point commun entre ces deux fêtes est la récitation du paragraphe ‘Al Hanissim, sur les miracles, dans la prière quotidienne de la ‘Amida et dans celle du Birkat HaMazon, après le repas.
Au-delà de ces similarités halakhiques entre Pourim et Hanoukah, Maïmonide considère ces deux fêtes comme une occasion d’introduire un thème central de sa vision du monde : la paix dans le foyer, dans la communauté et dans le monde.
Des fêtes célébrant des victoires pour l’instauration de la paix
Les fêtes de Pourim et de Hanoukah célèbrent toutes deux des victoires du peuple juif sur ses ennemis. C’est le sujet que Maïmonide met en relief dans sa recension des arguments talmudiques liés à la célébration de Hanoukah. Or, s’il mentionne que lorsqu’ils prirent le dessus sur leurs ennemis, les Juifs « ne trouvèrent pas d’huile pure dans le Temple [pour allumer le candélabre], si ce n’est une fiole qui ne pouvait durer qu’un jour », en précisant qu’» ils allumèrent avec elle les lumières de la rangée [de lampes ou lumières] pendant huit jours, le temps de piler des olives et produire de l’huile pure 4 », comment ne pas remarquer que le Rambam omet de citer les paroles « un miracle s’est produit », qui figurent bien en évidence dans le passage talmudique surHanoukah 5. Cette omission est constatable dans tous les manuscrits imprimés du Michné Torah, ainsi que dans les versions révisées publiées dans le monde académique.
Les disciples de Maïmonide ne sont pas surpris de cette exclusion. Elle traduit la réticence du Rambam à l’égard des interruptions de l’ordre naturel. Son énoncé laisse néanmoins entendre que l’huile a brûlé pendant une durée inhabituelle, même en supposant un usage parcimonieux de la faible quantité disponible.
On en déduit que la victoire militaire est la principale raison pour laquelle les Sages (hakhamim) ont institué Hanoukah comme une fête. Tout comme Pourim, Hanoukah célèbre la victoire du peuple juif contre ceux qui cherchaient à le détruire. Cela explique aussi un autre schéma que le lecteur avisé du Michné Torah pourrait avoir décelé. Le Rambam conclut les chapitres des « Lois de Hanoukah et de Pourim » par la même interprétation (deracha) qui souligne l’importance de la paix.
Les derniers préceptes portant sur les lois de Hanoukah sont écrits dans un style passionné pour mettre en évidence le caractère primordial du commandement (mitsva) d’allumer les lumières de Hanoukah :
« La mitsva de l’allumage de la lampe de Hanoukah est une mitsva particulièrement précieuse; l’homme doit y être très pointilleux […] même s’il ne se nourrit que de la charité, il doit faire la mendicité ou vendre son vêtement pour acheter de l’huile et des lampes, et allumer. » 6
Cependant, le Rambam conclut que si l’on doit choisir entre dépenser son dernier sou pour acheter de l’huile pour le Chabbat ou pour Hanoukah, on doit accorder la préséance au Chabbat, car la lumière de Chabbat symbolise la paix dans le foyer (chalom bayit), qui est de la plus haute importance. Le Rambam poursuit dans le chapitre sur les lois de Hanoukah :
« Grande est la paix puisque toute la Torah fut donnée pour faire la paix dans le monde, ainsi qu’il est dit : « “Ses voies sont des voies bienveillantes, et tous ses chemins sont la paix” (Prov., 3:17). » 7
Il aurait pu être plus pertinent de souligner l’importance de ce principe dans le chapitre « Hilkhot Yesodei HaTorah », qui porte sur les lois relatives aux fondements de la Torah, pourtant le Rambam a choisi de consigner son commentaire ici, dans le chapitre « Hilkhot Hanukah ».
Le chapitre sur les lois de Pourim se termine sur une deracha semblable – interprétation qui, à mon avis, constitue un prélude à la conclusion du chapitre sur les lois de Hanoukah, et donc à une conclusion percutante du Sefer Zemanim (sur les fêtes).
Voyons ce qu’écrit le Rambam à propos de Pourim :
« À l’époque du Messie […] comme il est dit : « “Les premiers malheurs seront oubliés, et disparaîtront de ma vue” » (Isaïe, 45:16), [mais] les jours de Pourim ne disparaîtront pas, ainsi qu’il est dit : « “Et ces jours de Pourim ne disparaîtront jamais” » (Esther, 9:28). » 8
Le Rambam évoque ici l’ère messianique qui, d’après lui, ne sera pas une époque durant laquelle le peuple juif exercera son pouvoir ou sa force 9. Ce sera au contraire une époque caractérisée par la paix, la connaissance partagée de Dieu et la coopération entre tous les êtres humains, comme le souligne le Rambam vers la fin du traité « Lois sur les Rois » :
« Même pour les non-Juifs, nos Sages nous ont ordonné de visiter leurs malades ou de faire enterrer leurs morts au même titre que ceux d’Israël, et de veiller sur leurs indigents parmi les indigents d’Israël, au nom des voix de la paix; n’est-il pas dit : “« D.ieu est bon pour tous, et sa bonté s’étend à toutes ses créatures” » (Psaumes, 145:9)? Et encore : « “Ses chemins sont des chemins de douceur et tous ses sentiers sont pacifiques” » (Proverbes, 3:17). »
* Yolande Amzallag est traductrice agréée et interprète de chant andalou et séfarade. Elle a créé la Fondation Samy Elmaghribi à la mémoire de son père (Salomon Amzallag z’l), au sein de laquelle elle œuvre pour la préservation et la diffusion de son héritage culturel et spirituel.
Notes:
- A passage about miracles added to daily prayers, respectively the Amida. (central prayer of the Jewish liturgy) and Grace after meals. ↩
- « Lois sur la Meguila et Hanoukah » (Hilkhot Meguila va’Hanoukah), 3:3, dans M.T. » ↩
- Ibid., 3:4. ↩
- « Lois sur la Meguila et Hanoukah », 3:1, dans M.T. ↩
- Traité Chabbat 21a du Talmud de Babylone. ↩
- « Lois sur la Meguila et Hanoukah », 4:12, dans M.T. ↩
- « Lois sur la Meguila et Hanoukah », 4:14, dans M.T. ↩
- Lois sur la Meguila et Hanoukah », 2:18, dans M.T. ↩
- « Lois sur les Rois » (Hilkhot Melakhim). chapitres 10, 11 et 12, dans M.T. ↩