Elles et ils ont publié – septembre 2018
PAR SONIA SARAH LIPSYC
ÉLIETTE ABECASSIS
Le maître du Talmud, Éd. Albin Michel, 2018
L’œuvre d’Éliette Abecassis, l’une des rares auteures françaises à vivre de sa plume, est très diversifiée : essais, romans, scénarios, livres pour enfants. Elle nous offre ici l’un de ses thrillers historico-religieux dont elle a, depuis son premier livre Qumran, le secret. L’action se passe en 1240 à Paris, autour de la maison d’études d’un célèbre rabbin confronté à une accusation de meurtre rituel dont il doit dénouer le mystère et retrouver l’assassin au risque sinon que sa communauté soit massacrée. Ce personnage a existé, il s’agit de Rabbi Yehiel, mais l’auteure avoue bien volontiers, dans divers interviews, que pour les traits de son caractère, elle s’est inspirée de la figure de son père, le professeur Armand Abecassis, l’un des plus importants penseurs actuels du judaïsme francophone. Un livre qu’on ne lâche pas des mains jusqu’à ce que le meurtrier soit trouvé ! Et au passage on apprend ou redécouvre des tas de choses sur l’étude du Talmud et son brûlement par charrettes entières sur la Place de Grève à Paris, le rapport amical ou houleux avec le monde chrétien comme en témoigne la disputation, celle ordonnée par le roi Louis IX à laquelle participa R. Yehiel, la secte des Karaïtes, et d’autres sujets sur le judaïsme du Moyen Âge.
PENINA BITTON – NATHALIE BIBAS
Les Éclats du Rocher. Étudier la Thora au cœur du texte Tome I et II, Éd.Lichma, 2018
Les Éditions Lichma, créées et dirigées par Yossef Azoulay en France, produisent depuis dix ans des ouvrages d’études juives de qualité et à un rythme qui force l’admiration. Ce dernier livre est l’œuvre de deux femmes : une enseignante Penina Bitton et une auteure Nathalie Bibas, qui nous offrent des éclats de nos sages sur la parachat hashavoua, ce passage de la Torah que l’on lit chaque chabbat à la synagogue. Les Éclats du Rocher font allusion à cette parabole talmudique qui compare ainsi la parole divine fragmentée en soixante-dix langues ou interprétations. Une lecture hebdomadaire érudite et pédagogique, formule qui a toutes les chances d’être gagnante.
PIERRE ASSOULINE
Retour à Séfarad, Éd. Gallimard, 2017
Mon collègue Raphaël Assor qui s’occupe notamment d’accompagner les membres de notre communauté, descendants des expulsés d’Espagne (Séfarad en hébreu) de 1492, désireux d’obtenir la nationalité espagnole, à la suite de « la loi du retour » votée en 2015 par le Parlement a dévoré cet ouvrage en louant sa véracité et l’humour de ce récit du prolixe Pierre Assouline. Et son avis résonne comme la promesse d’une lecture passionnante d’un ouvrage déjà sur ma table de chevet. Mais je ne voulais pas manquer l’occasion dès maintenant de vous signaler ce livre, chers lecteurs du LVS, car ses thèmes sont indéniablement chers à notre magazine.
LÉON ASKÉNAZI. ANDRÉ CHOURAQUI
À l’heure d’israël, Éd. Albin Michel, Paris, 2018
Il arrive encore que l’on retrouve des inédits dans l’histoire de la littérature ou de la pensée. En voici un, la conversation entre deux érudits du judaïsme : l’un des maîtres de sa génération dans le monde francophone, le rabbin Léon Askénazi (1922-1996), connu sous son nom de totem de scout « Manitou », et André Chouraqui (1917-2007), qui traduisit notamment la Bible hébraïque, le Second Testament chrétien et le Coran (excusez du peu…). Ces deux hommes exceptionnels d’origine sépharade, d’Algérie, conversent ensemble en juillet et août 1987 à Jérusalem où ils habitaient tous les deux. Ils discutent du sionisme, de la Shoah, d’Israël sous de nombreux aspects, du messianisme, des relations avec la Diaspora et traitent aussi des différents dialogues : judéo-chrétien, judéo-musulman et israélo-palestinien. Un régal d’érudition tout à fait accessible que je vous laisse découvrir avec l’introduction du flamboyant universitaire Denis Charbit que nous avons déjà eu la joie d’accueillir à Aleph/CSUQ, l’année dernière.
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