Mot du Président : Pessah 2016

Henri Elbaz

Henri Elbaz

Pessah est tellement riche en messages!

Pessah marque le jour de notre libération, de la rupture des chaînes de l’esclavage, jour où commença à se forger l’identité d’une nation libre et émancipée. Pessah nous rappelle aussi que nous devons nous libérer de toutes ces chaînes qui nous empêchent de progresser dans la vie. Pessah est aussi un appel au souvenir et à la compassion envers ceux qui sont opprimés.

« Souviens-toi que tu étais un esclave en Égypte ». D. nous rappelle et attire notre attention sur tous ceux qui comme nous ont souffert de l’oppression, du racisme, de la haine. Nous avons peut-être pris ce message à la lettre, puisqu’à travers les âges les Juifs ont été les premiers à défendre les personnes et les populations opprimées et ainsi à faire avancer les droits et les libertés des individus. Nous avons le bonheur de vivre dans un pays de liberté et de démocratie, ce qui n’est pas le cas dans plusieurs autres pays. Or, l’esclavage, l’intolérance, le racisme et la haine sont encore le lot de nombreuses populations de nos jours et nous nous devons de contribuer à l’amélioration de leur sort. Le message de Pessah doit résonner en nous au quotidien, à titre individuel et collectif : nous devons être solidaires avec les populations en détresse, sans distinction de race ni de religion.

Et puis, il y a l’anecdote des quatre fils. Le premier parle de tradition et des devoirs de Pessah. Ainsi, il transmet, ce qu’il a reçu et assure ainsi la continuité et la pérennité de notre héritage.

Le deuxième rejette cet enseignement et ainsi s’exclut, il brise le chaînon qui nous relie à notre passé.

Le troisième est présent, mais n’est pas sûr de comprendre.

Quant au quatrième, il ne sait pas formuler de question. Peut-être est-il ignorant ou peut-être qu’il ne peut formuler la question qui lui pèse tellement sur le cœur : pourquoi tant de génocides, pourquoi tant de haine, pourquoi l’holocauste?

Cependant, les quatre fils sont autour de la table. Ils sont là, chacun avec ses qualités et ses défauts. Mais il y a un ou une autre qui est absent(e) de la table. Oui, il y a un cinquième enfant, mais il ou elle s’est éloigné(e) de la communauté et de ses valeurs. C’est elle ou lui qu’il faut aller chercher et accueillir au sein de la communauté. Voici un autre beau défi que nous devons relever.

La génération dont je suis issu en est une d’immigrants. Malgré des moyens très modestes, nous avons mis en place les institutions et les infrastructures pour édifier l’une des plus belles communautés sépharades en dehors d’Israël. Nous nous sommes donnés comme vision de préserver et de perpétuer un trésor de valeurs qui nous ont permis de survivre et de nous épanouir au cours de notre histoire.

Il y a 34 ans j’ai présidé aux destinées de la Communauté sépharade du Québec. Récemment, on m’a invité à reprendre du service. C’est avec un immense bonheur que je découvre notre nouvelle génération née au Canada avec l’énorme potentiel qu’elle représente pour l’avenir de la communauté sépharade et de la communauté juive de Montréal. Beaucoup de nos jeunes sont impliqués communautairement, que ce soit avec la communauté sépharade du Québec, les communautés sépharades régionales, les synagogues, la Fédération CJA, Mada, etc. Ils sont hautement compétents, prêts à prendre le flambeau et à mener notre communauté vers des niveaux encore plus hauts.

Et je suis fier de voir que la plupart d’entre eux sont d’anciens gradués de l’École Maïmonide. Ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris de l’École, à la maison et à la synagogue. Nous avons visé juste, nous sommes sur la bonne voie.

Beaucoup de travail reste à faire : la lutte contre la pauvreté, la détresse, l’isolement, les besoins aux personnes âgées, etc. Avant la publication de ce numéro, Hessed aura organisé son Gala pour collecter des fonds qui serviront aux personnes et familles en détresse. Bravo à Marc Kakon et à Michael Goodman pour leur travail remarquable. Je tiens à remercier tous ceux et celles, bénévoles et professionnels qui participent à cet effort commun d’édification de notre communauté.

À vous chers lecteurs, et à toute notre belle communauté, je vous souhaite un merveilleux Pessah Kasher ve Sameah.

Henri Elbaz,
Président, CSUQ

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