Dany Meloul, la dame de Radio-Canada

PAR Sylvie Halpern

Sylvie Halpern

 

 

 

 

 

Dany Meloul

Depuis octobre 2019, c’est elle la directrice générale de la Télévision de Radio-Canada. (…) elle se profile aujourd’hui derrière toute la programmation du télédiffuseur public – d’ICI Télé, ICI ARTV, ICI Explora, ICI Tout-tv

Quand elle était jeune, elle aimait regarder la télévision en famille et Fanfreluche, Bobino et Bobinette ont bercé son enfance. « J’aimais ça, mais je ne me disais pas que je voudrais faire de la télé un jour! » À l’époque, elle rêvait plutôt de devenir avocate, de combattre pour la justice : «Je portais des lunettes roses! », dit-elle en riant. Dany Meloul n’en porte peut-être plus, mais elle a réalisé son rêve. Et même beaucoup plus. Diplômée en droit civil et en common law de l’université McGill, membre du Barreau du Québec et de celui de New York, après une douzaine d’années passées aux affaires juridiques d’Alcan, puis la découverte du monde de la presse écrite chez Transcontinental (qui publiait à l’époque Elle Québec, Coup de pouce…), c’est chez Astral, qui régnait alors sur les chaînes spécialisées, que cette dame chaleureuse, mais réservée, a vu la télévision entrer dans sa vie. Pour ne plus en sortir.
Dany Meloul avait fait ses classes au bon moment! Car elle s’était déjà si hautement spécialisée dans les questions de contenu qu’en 2015, deux ans seulement après qu’Astral ait été vendue à Bell, elle a été bombardée vice-présidente, Programmation, Télévision de langue française chez Bell Média. Et c’est elle qui s’est mise à régner sur les programmes, les acquisitions et les productions originales d’autant de chaînes que Canal Vie, Canal D, Z, VRAK, Investigation, Super Écran et Cinépop. Ouf!
Si elle s’était arrêtée là, ç’aurait déjà été une magnifique carrière, mais la juriste a grimpé encore plus haut : au faîte! Depuis octobre 2019, c’est elle la directrice générale de la Télévision de Radio-Canada. Si bien qu’avec des budgets autrement plus conséquents, elle se profile aujourd’hui derrière toute la programmation du télédiffuseur public – d’ICI Télé, ICI ARTV, ICI Explora, ICI Tout.tv – et elle a bien l’intention de faire pousser ses ailes : déjà en faisant rayonner les productions d’ici partout au monde. « On a beaucoup de talent au Québec, il y a ici une telle qualité de productions que c’est juste une question de temps avant qu’on nous reconnaisse plus amplement ailleurs. »
Qu’on ne vienne pas lui dire que, bousculée par les géants du numérique, la télévision est un peu dépassée. Dany Meloul n’en croit rien et elle a quelques cotes d’écoute à portée de main pour prouver le contraire. Pour elle, la télé reste toujours un rendez-vous incontournable : « Les gens continuent à la regarder massivement. Et bien sûr, on l’a particulièrement vu cette année. En mars, dès le début de la pandémie, nous avons changé notre programmation pour, certes informer, mais aussi divertir parce qu’on savait bien que la lassitude et la crainte allaient s’installer. » C’est ce qu’elle a expliqué en novembre dernier à la Congrégation Shaar Hashomayim de Westmount dont elle est membre : que la bonne vieille télé continue de performer, tout autant que les plates-formes de diffusion en continu.
Dany Meloul n’a pas d’antécédents familiaux dans les médias : ses parents, arrivés en 1964 de Safi, au Maroc, ont travaillé toute leur vie dans l’enseignement. « À son arrivée, mon père avait déjà en poche un contrat de professeur de français auprès de la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal et les années passant, il est monté en grade jusqu’à en devenir directeur régional. Puis, jusqu’à la fin de sa carrière, il a travaillé à l’Association des écoles juives. » Née à Montréal, Dany Meloul a grandi en français à la maison, mais elle a été à l’école anglaise puisqu’évidemment, elle n’avait pas de baptistère pour entrer dans une école française.
Mais pour ce qui est d’aider les producteurs francophones à propulser la vente de leurs formats à l’étranger, elle qui a beaucoup voyagé a des exemples inspirants en tête. « Déjà la BBC, bien sûr, qui fait de belles choses sans se calquer sur les États-Unis et qui les vend à l’international. Nous sommes capables de faire la même chose. » Ou la Norvège, par ce que ce petit pays est arrivé à faire. Mais c’est la télévision israélienne qui l’impressionne particulièrement : « Pour leur taille, ce qu’ils font est phénoménal. Ils ont énormément de boites de production qui font beaucoup de formats (les contenus sont vendus à d’autres pays qui en font leur propre version), notamment des téléréalités qui circulent maintenant un peu partout. Depuis quelques années, leur fiction – Fauda, Téhéran… – est aussi très forte et ils séduisent. » Comme quoi, avec ou sans lunettes roses, on peut être petit et voir très grand!

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