L’Université hébraïque de Jérusalem : Le cœur et l’esprit au service de l’humanité

PAR ANNE FLEISCHMAN

Anne Fleischman

Anne Fleischman

Anne Fleishman Rédactrice scientifique et journaliste d’origine française, Anne Fleischman est titulaire d’une maîtrise en environnement (Université de Sherbrooke) et d’une formation en biologie (Université du Québec à Rimouski). Depuis plus de 20 ans, elle collabore à de nombreuses publications généralistes et spécialisées, et a publié son premier roman, Cuba libre, édition la Plume d’or, 2018.

L’Université hébraïque de Jérusalem est l’alma mater de grands esprits qui ont profondément marqué l’histoire des savoirs – et l’Histoire tout court. Cet héritage remarquable ne l’empêche pas d’être résolument tournée vers l’avenir, bien au contraire.

Elle est le fruit d’une promesse. Celle de la création de l’État d’Israël et de la nécessité d’y voir naître une institution dotée des meilleures ressources culturelles, spirituelles et intellectuelles afin de former, en hébreu, les nouvelles générations de scientifiques, philosophes, professeurs, agronomes et entrepreneurs de la future nation.

Cette vision s’incarne pleinement depuis lors. Rêvée dès 1882 par le rabbin et professeur de mathématiques Zvi Hermann Shapira, fondée en 1918 et inaugurée sept ans plus tard, l’Université hébraïque de Jérusalem (HUJI) est la seconde à ouvrir ses portes en Israël, une année après le Technion, l’institut technologique établi à Haïfa. Elle fait aujourd’hui partie des cent meilleures universités mondiales et se démarque dans de nombreuses disciplines, des sciences de la religion à la recherche médicale de pointe, en passant par la gestion des ressources agricoles. Huit prix Nobel en chimie, en physique et en économie, ainsi qu’une médaille Field en mathématiques ont couronné les chercheurs de l’HUJI. Avec leurs équipes, ils sont les dignes successeurs d’Albert Einstein, qui y prononça sa première communication sur la relativité et qui lui légua toute son œuvre, ou, dans un autre champ du savoir, de Gershom Sholem, le premier à introduire l’étude de la kabbale dans l’enceinte académique, qui y enseigna la mystique juive pendant toute sa vie.

Science et conscience

« C’est un bilan à la fois extrêmement impressionnant et très inspirant », résume Debbie Dankoff, vice-présidente des Amis canadiens de l’Université hébraïque de Jérusalem, rencontrée dans les bureaux montréalais de l’organisme. Les amis de l’HUJI sont actifs sur les cinq continents. La branche canadienne a été fondée en 1944 par le philanthrope Allan Bronfman. Dirigée par Rami Kleinmann depuis 2007, elle organise des collectes de fonds et contribue à mettre sur pied de nombreuses ententes entre l’Université et les plus grands centres de recherche du Canada.

« Faire rayonner l’HUJI est un immense privilège, car l’avancement des connaissances s’y fait au bénéfice de toute l’humanité, précise-t-elle. Par exemple, les projets d’aide aux pays en développement sont entièrement basés sur le partenariat avec les communautés. L’idée n’est jamais de dire aux autres quoi faire. C’est au contraire un échange de savoirs qui crée des occasions d’apprentissage inouïes. »

Microcosme de paix

Au-delà des recherches savantes, l’HUJI s’illustre par son ouverture. Les 23 000 étudiants qui fréquentent ses quatre campus évoluent dans un milieu exempt de discrimination religieuse ou ethnique. Ils viennent du monde entier et 25 % sont des Arabes. « Voir des jeunes de tous les horizons réfléchir ensemble sur des enjeux majeurs, comme la sécurité alimentaire ou l’éradication des maladies, est enthousiasmant. Les salles de classe sont des microcosmes de paix », fait valoir Debbie Dankoff. Au département de Travail social, ce vivre-ensemble multiculturel a même trouvé un écho jusque dans le choix de son plus haut représentant, ou pour être exact, de sa représentante. Nommée en 2018, la professeure Mona Khoury-Kassabri est en effet la toute première femme arabe à occuper un poste de doyenne dans une université israélienne.

« Dans ce contexte d’ouverture, l’organisation d’échanges universitaires, qui est également au cœur de notre mission, prend un sens particulier. Ils permettent à des dizaines de jeunes canadiens d’étudier dans cette institution prestigieuse tout en découvrant une réalité académique empreinte de respect entre les communautés », explique Debbie Dankoff, qui souligne du même souffle la valeur de ces échanges dans les deux directions : quand un jeune de l’HUJI séjourne ici, au Canada, les étudiants canadiens qui n’ont la plupart du temps jamais rencontré d’Israéliens sont confrontés à leurs propres préjugés.
« Les universités sont la clé de notre avenir collectif, conclut-elle.  La paix durable ne pourra émerger que si l’on met les rênes aux mains de personnes qui se sont formées avec les autres et au contact des autres. » Travailler ensemble pour créer un monde meilleur? Une approche qui rejoint plus que jamais celle des fondateurs de l’HUJI.

Encadré : Science et plaisirs gastronomiques à l’Université hébraïque de Jérusalem

La valorisation de la recherche scientifique passe aussi par le plaisir des sens. Les Amis canadiens de l’HUJI ont concocté le voyage gastronomique « From Cork to fork » (littéralement de la graine à la fourchette) grâce auquel un groupe de gourmets s’envolera vers les meilleures tables du pays en mai 2020.  La mission veut mettre en valeur les recherches avant-gardistes menées par l’Université dans le secteur de l’agriculture, pour sensibiliser le public à la fragilité des ressources et aux solutions concrètes pour leur préservation.

Pour en savoir plus sur le programme « From cork to fork » et sur les activités des Amis canadiens de l’HUJI :  https://www.cfhu.org/events/save-the-date-from-cork-to-fork-a-unique-culinary-and-wine-journey-through-israel/ OU https://www.cfhu.org/

 

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