Les initiatives des associations juives d’Amérique du Nord pour l’écologie

PAR SALOMÉ GEORGIEV WOLFOWICZ

Diplômée en littérature comparée et philosophie de l’Université de Montréal. Salomé Georgiev Wolfowicz travaille aujourd’hui dans le domaine de l’édition..

 

 

Depuis quelques années maintenant, les débats sur l’écologie et le développement durable monopolisent les médias et prennent une place proéminente dans de nombreuses discussions. Augmentation rapide des concentrations en CO2 dans l’atmosphère induisant le réchauffement climatique, catastrophes météorologiques, pollution des sols et des mers, acidification des océans, fonte des glaciers, gaspillage des ressources, explosion démographique, augmentation des besoins en eau, disparition de la biodiversité, montée du niveau des mers, réfugiés climatiques… Imparablement, l’humanité accroît sa dette écologique, et ce, de plus en plus dans l’année, vit à crédit, après avoir déjà consommé la totalité des ressources naturelles disponibles sur la Terre. Bilan quelque peu inquiétant, il est grand temps d’intervenir. C’est pourquoi plusieurs groupes activistes, dont certaines associations juives issues de divers courants du judaïsme, s’engagent activement afin de préserver l’environnement et de protéger notre chère planète Terre.

D’un point de vue scientifique, l’écologie constitue une discipline relativement récente. Par contre, depuis des milliers d’années, la tradition juive souligne l’importance de la protection de l’environnement. La Torah enseigne que la qualité de la vie dépend de la relation de l’être humain avec la nature comme en témoignent plusieurs commandements. Il y a même une fête, Tu BiShvat, que l’on pourrait considérer comme une journée de sensibilisation à la protection de la nature. Cette préoccupation s’est retrouvée dans la philosophie des premiers kibboutz en Israël. En Amérique du Nord, un certain nombre d’associations juives écologiques, dont Hazon, Aytzim et Shoresh ont vu le jour et travaillent à mettre en place divers programmes ayant pour objectif, à plus ou moins long terme, d’améliorer le quotidien de notre environnement, de manière active, responsable et surtout durable 1.

L’association Hazon – Jewish Lab for sustainalility (Laboratoire juif pour la durabilité) -, fondée en 2014, regroupe deux branches principales :

Elat Chayying, le groupe central, et Teva, responsable des camps pour enfants et futurs éducateurs. Hazon souhaite oeuvrer pour une communauté où être Juif rime impérativement avec le désir de créer un monde meilleur pour tous en se concentrant tout particulièrement sur l’environnement durable. Au moyen de plusieurs ateliers et camps de jour, enfants comme adultes, unissent leurs connaissances, mettent en pratique des processus de conservation et établissent différents systèmes de recyclage dans le but d’améliorer et de préserver notre milieu naturel. En proposant un vaste choix d’activités environnementales et sportives, comme des balades en forêts, des visites à la ferme ou encore des tours en vélo, Hazon ouvre une fenêtre vers la nature et encourage la communauté juive, souvent hyperurbaine, à agir en groupe de manière plus écoresponsable.

Créé en 2011, le groupe Aytzim (anciennement Green Zionist Alliance) est une organisation juive environnementale d’origine new-yorkaise, active aux États-Unis, au Canada et en Israël. Le groupe a mis sur pied quatre projets distincts le Green Zionist Alliance, travaillant sur des questions propres à l’environnement en Israël et au Moyen-Orient, le site Internet jewcology.org 2, offrant une base de données complète à propos de l’environnementalisme juif, Shomrei Breishit, un groupe de défense de l’environnement en partenariat avec GreenFaith, regroupant plus de cent membres du corps rabbinique, et EcoJews of the Bay qui organise plusieurs types d’évènements dans la Bay Area en Californie autour de la question environnementale. Aytzim innove en apportant son soutien à des projets écologiques nombreux et variés, comme la création de pistes cyclables en Israël, l’installation massive de panneaux solaires aux États-Unis, ou en participant activement à plusieurs campagnes de sensibilisation écologique. Récemment, l’association a publié un guide complet, en partenariat avec la Coalition pour l’environnement et la vie juive, proposant plus de cinquante articles et surtout initiatives à prendre à l’échelle individuelle ou au sein des communautés juives sur les questions énergétiques 3.

L’association canadienne Shoresh 4, mise en place en 2002 en Ontario, pousse la communauté juive canadienne à prendre soin de la planète de manière responsable. Grâce à une éducation juive basée sur la nature, à une production d’aliments sains et durables et à diverses actions environnementales, Shoresh offre aux membres de la communauté juive, de nombreuses opportunités pour mieux prendre mieux conscience de la valeur incommensurable de notre Terre. La coopérative travaille et soutient des producteurs locaux, dont le jardin Kavanah à Vaughan, la ferme Bela à Hillsburgh et le jardin Maxie à Kensington Market. Elle coopère avec un grand nombre de synagogues, écoles, camps et organisations communautaires afin de sensibiliser au maximum la population aux problématiques environnementales et d’inciter ses membres à consommer des produits locaux et durables. De plus, Shoresh a élaboré un plan stratégique regroupant plusieurs programmes s’étalant sur sept ans qu’elle entend bien exécuter d’ici la prochaine année, tel qu’un projet menant à reboiser les terres autochtones et la construction d’un sanctuaire pour abeilles.

Notes:

  1. Nous ne pouvons les citer toutes, mentionnons encore Canfei Nesharim et Teva Québec. Voir l’entretien du rabbin Orenstein avec Sonia Sarah Lipsyc dans le présent numéro.
  2. http://jewcology.org
  3. Se cf ; https://aytzim.org/resources/jeg
  4. https://shoresh.ca
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