ÉDITORIAL : SEPTEMBRE 2019

Dr Sonia Sarah LIPSYC

Sonia Sarah Lipsyc

« L’écologie n’est pas une mode. C’est un impératif. (…) Qu’en pense le judaïsme qui ne peut être réduit à un rite et qui, par ses différentes sensibilités, se déploie comme une pensée vivante?»

L’écologie n’est pas une mode. C’est un impératif, et ce, quelles que soient nos orientations politiques!
Nous ne pouvons plus détourner notre regard, car nous souffrons. Ne serait-ce que du réchauffement climatique et des dérèglements qu’il provoque. Les signes de dégradation sont maintenant là sous nos yeux. Songez, par exemple, que, si nous ne faisons rien, en 2050, dans moins de trente ans, il y aura dans l’océan plus de plastique que de poissons! Et certaines conséquences sont déjà perceptibles, la disparition d’espèces marines ou d’oiseaux, et à terme l’affectation de notre santé par l’alimentation, car nous aussi nous risquons d’ingurgiter des fragments de ces plastiques qui mettent des centaines d’années voire plus à se résorber.

Qu’en pense le judaïsme qui ne peut être réduit à un rite et qui, par ses différentes sensibilités, se déploie comme une pensée vivante? Quelles sont nos responsabilités à l’égard de de la nature, de l’environnement, des animaux, bref à l’égard de cette planète qui est la nôtre et dont les prochaines générations hériteront? Il nous a semblé important d’aborder cette problématique à la veille de ce que la tradition juive nomme les « yamim noraïm », les jours redoutables que sont Roch Hachana, le Nouvel An hébraïque et Yom Kippour, le jour du grand pardon. Redoutables, car précisément, nous sommes appelés à faire notre « h’eshbon nefesh », littéralement le compte de notre âme, tant à l’échelle individuelle que collective, en cette veille d’une nouvelle année. Qu’avons-nous, en la matière, fait ou pas fait et que pouvons-nous faire? Car loin d’être passive, notre tradition, même dans ses déclinaisons laïques pour certains, nous renvoie toujours à notre capacité d’action, de rectification et d’influence sur nous et sur ce qui nous entoure. C’est pourquoi, vous l’aurez compris, notre dossier spécial est consacré à Judaïsme et écologie.

Deux entretiens que j’ai eu le plaisir de faire, le premier avec le rabbin Scharar Orenstein, très actif au Québec pour cette prise de conscience écologique au sein de nos communautés et le second avec Jonathan Aikhenbaum, expert franco-israélien, complétés par un article du scientifique québécois Michel Jébrak, nous initient aux concepts et lois ainsi qu’à l’éthique du judaïsme sur le sujet. La reconnaissance de notre environnement et par conséquent de sa préservation est célébrée dans un cantique, le « Perek Chirah », le Chant de la Création, que le rabbin Samuel Mellul nous fait découvrir. Sylvie Halpern avec un texte sur le travail remarquable de récupération et recyclage de MADA, Salomé Georgiev Wolfowicz sur des associations juives écologiques et Laetitia Sellam, mettent l’emphase sur des initiatives innovantes au sein de la communauté juive montréalaise et nord-américaine. Quant à Anne Fleishman, une nouvelle plume dans notre équipe, elle nous propose quatre vignettes qui apparaissent comme des « warning » sur quelques priorités au Québec. Il nous restera à vous faire découvrir, dans une parution ultérieure, d’autres aspects comme Israël et l’écologie, à commencer par les plantations de forêts pour lesquelles oeuvre l’honorable institution du KKL/FNJ depuis presque un siècle.
La montée de l’antisémitisme, notamment en France avec une augmentation de 74 pour cent en 2018, inquiète à juste titre. Nous le savons par nos médias, nos familles ou nos amis. Elias Levy nous propose une entrevue avec une personnalité qui s’est imposée comme l’une des plus importantes dans l’Hexagone, le rabbin Delphine Horvilleur
à l’occasion de la sortie de son livre remarqué Réflexions sur la question antisémite. Cette préoccupation se vit également au Canada et Shimon K. Fogel du CIJA revient sur l’adoption par le gouvernement canadien d’une définition de l’antisémitisme élaborée par l’Alliance internationale de la mémoire de l’Holocauste qui intègre également l’une de ses manifestations contemporaines : la haine des Juifs en lien avec le refus de la reconnaissance de l’État hébreu.

Nos « coups de projecteurs sur nous autres » se portent sur Moïse Cohen, ancien conseiller d’arrondissement de Saint-Laurent et sur le chantre Yehouda Abittan qui prend sa retraite après toute une carrière dans la plus ancienne synagogue du Canada, la Congrégation Spanish et Portuguese. Eric Yaakov Debroise poursuit sa présentation des Juifs du Québec en nous présentant cette fois-ci l’histoire de la communauté de Sherbrooke. Enfin, Salome Assor s’inscrit avec talent dans la chronique « Itinéraire de jeunes sépharades d’ici et d’ailleurs ». Et pour celles et ceux qui aiment les livres, n’oubliez pas notre rubrique en fin de magazine, « Elles et Ils ont publié ».

Bien sûr, « Vie communautaire », prend une place importante et méritée en vous rendant compte des activités riches et variées et parfois (il faut le dire) méconnues des différents services de la CSUQ et de certaines de ses constituantes. Nous mettrons d’ailleurs de plus en plus l’accent sur ces dernières au fil des prochains numéros.
J’aimerais aussi attirer votre attention sur les articles uniquement accessibles en ligne et qui sont marqués d’une flèche dans notre sommaire. Ainsi, pour cette parution de la rentrée, il y a un article de Georges Lahy pour notre dossier Écologie, un autre de notre fidèle collaborateur Bernard Bohbot pour
« Culture juive et israélienne » et un texte d’un nouveau venu Jordan Ghershon Glass pour « Judaïsme » ou pensée juive. Ne manquez donc pas de visiter notre édition en ligne : lvsmagazine.com.
Avant de vous souhaiter une « chana tova vemetouka », une année bonne et douce, à l’image de ce miel que l’on met sur un quartier de pomme, le soir du Nouvel An, je voudrais saluer Arielle Sebah Lasry
coprésidente avec William Déry, de notre comité LVS ainsi que Claude Benharoch et René David Amar pour la prospection publicitaire. Ensemble, ils oeuvreront à trouver encore plus de moyens pour étoffer votre magazine. Et remercier toute l’équipe de la CSUQ pour ce formidable travail en commun pour notre magazine.

Dr Sonia Sarah Lipsyc
slipsyc@csuq.org

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