DU FOOTBALL ET DU BASKETBALL EN ISRAËL

PAR Dr AMNON J. SUISSA

Amnon J. Suissa

Dr Amnon J. Suissa est professeur associé l’UQAM, formé en thérapie familiale et docteur en sociologie, il s’intéresse au phénomène des dépendances et de l’intervention auprès des familles 1. Passionné de sport, notamment de ballons, nous lui avons demandé un article sur ces disciplines dont la ferveur est partagée par d’autres parmi nos lectrices et nos lecteurs.

 


Il faut avant tout, souligner les limites de cet exercice de tracer en deux pages les réalisations sportives des 70 dernières années en Israël. Il s’agit donc d’un survol, nécessairement subjectif, voire personnel de quelques sports, principalement les deux plus populaires au pays : le football et le basketball. La popularité du football, par exemple, se mesure au nombre de clubs disséminés partout dans le pays, et d’adhérents. De plus, il représente une activité commune d’appartenance aux divers citoyens qui ont côtoyé ce sport dans leur pays d’origine. Si le sport de raquettes (matkot) est une activité qui a pris son envol depuis 1920 sur les plages israéliennes et est considéré comme un véritable sport national populaire, on ne peut passer sous silence ces dernières années, l’avancée d’Israël sur le plan sportif international. Israël a accompli de grands progrès aux Jeux olympiques et s’impose également dans d’autres disciplines grâce notamment, mais pas seulement, à l’immigration de Juifs venant de l’ex-URSS 2.

Le football : vers un talent de l’équipe nationale

Les premières équipes ont été créées sous le mandat britannique : Maccabi Haifa, en 1913, premier club, composé d’un groupe d’ouvriers, Hapoel Tel Aviv fondé en 1923 par la Fédération des travailleurs (Histadrout). En 1928, l’Association israélienne de football voit le jour à Ramat Gan et en 1948, après la création de l’État d’Israël, l’équipe nationale va disputer officiellement son premier match international contre les États-Unis qui se solde par une victoire américaine de 3 buts à 1. Avraham Nudelmann devient ainsi le premier footballeur à avoir marqué un but en compétition internationale sous les drapeaux du jeune État.

Dès 1954, Israël participe aux matchs de la Confédération asiatique des Nations et après deux défaites en finale contre la Corée du Sud en 1956 et 1960, remporte en 1964, à domicile, sa première Coupe d’Asie des Nations. Cependant cédant aux pressions politiques des pays arabes et de l’Iran qui refusent de jouer avec Israël, l’État hébreu est exclu en 1974 de cette Confédération. Il rejoint alors l’Association européenne de football (UEFA) d’abord comme membre associé en 1992, puis deux ans plus tard, comme membre à part entière. Depuis, Israël participe pleinement en Europe (UEFA) ainsi qu’aux éliminatoires pour la grande Coupe du monde (FIFA). C’est en 1970, au Mexique, qu‘Israël participe à sa première coupe du monde avec ses fameux joueurs Spiegel, Spiegler, etc. Cette expérience se solde par deux matchs nuls contre l’Italie et la Suède et une défaite contre l’Uruguay. Faut-il rappeler que ces trois nations ont été soit championnes du monde ou finalistes. Ce résultat est et reste, jusqu’à présent, le meilleur au plan international. Il faut attendre 1990 pour voir Israël terminer en première position dans la zone Océanie et perdre un match de barrage en Colombie 1 à 0. L’ambiance au stade était explosive et l’équipe israélienne fut fortement protégée par des centaines de militaires à cause des violences prévues en cas de défaite de la Colombie.

Un match mémorable fut celui d’Israël contre la France, au Parc des Princes, à Paris pour les qualifications de la coupe du monde aux États-Unis en 1994. N’étant pas qualifié et n’ayant plus rien à perdre, Israël élimine la France 3 à 2 avec une merveilleuse équipe composée de Ronny Rosenthal (fameux joueur de Liverpool), Reouven Atar du Maccabi Haifa, etc. Les joueurs français ont été alors éliminés pour une rare fois de la coupe du monde. Fortement frustrés par cet échec, plusieurs joueurs refusent même de saluer les joueurs israéliens à la fin du match. Israël ayant bloqué concrètement leur participation à la coupe du monde, ce qui n’est pas rien!

Depuis, plusieurs joueurs israéliens ont brillé dans leurs clubs respectifs dans le monde. On peut penser au gardien de but Dudu Aouate, à Mordechai Spiegler (plus grand buteur avec l’équipe nationale avec 33 buts), Giyora Spiegel, Yossi Benayoun (102 participations avec l’équipe nationale), Eyal Bercovic, Haim Revivo, Éli Ohana, Tal Ben Haim, Tomer Hemed, Elyaniv Barda, Nir Bitton, Eran Zahavi, etc.

Parmi les autres clubs israéliens, mentionnons le Beitar de Jérusalem, l’un des clubs les plus populaires, mais aussi le plus controversé d’Israël 3, et des clubs issus davantage des régions comme Hapoel Beer Sheva et Kiriat Shmona qui ont, non seulement déjà remporté le championnat national, mais représenté Israël dans les tournois européens.

On s’explique mal toutefois le manque de stabilité de l’équipe nationale qui n’arrive pas à briller alors qu’elle possède un bassin de joueurs de bonne qualité. Peut-être faudrait-il, comme toute bonne équipe gagnante, les deux ingrédients suivants pour assurer la victoire : une plus grande chimie et cohésion entre les joueurs en les combinant à un entraîneur qui installe un système de jeu et des objectifs précis. En s’inspirant des grandes nations du football, une philosophie de gagnant n’est pas juste la somme de ses joueurs, c’est la dynamique et la force mentale qui rejoignent le même objectif, la victoire à tout prix.

Aujourd’hui le défi de l’équipe israélienne est sa participation à la coupe d’Europe des Nations en 2020 ainsi qu’à la prochaine coupe du monde en 2022 au Qatar. Enfin, relevons la belle performance des jeunes espoirs en 2013 au Championnat d’Europe des moins de 21 ans qui a eu lieu en Israël. Après une défaite en finale contre l’Italie, Israël a battu l’Angleterre, et a fini à la troisième place, ce qui laisse présager, espérons-le, un futur prometteur.

Basketball : les jeunes prodiges, ça promet!

Extrêmement populaire en Israël, son équipe nationale des moins de 20 ans vient de remporter pour la première fois de son histoire le Championnat d’Europe de l’été 2018. Des victoires imposantes contre la France en demi-finale, 83 à 57, et la finale pour la médaille d’or contre la Croatie avec un score de 80 à 66. Derrière ce grand succès, il y a le joueur vedette de 17 ans, Deni Avidja avec son 2,05 mètres et ses habiletés hors du commun. Refusant des propositions de grandes équipes universitaires américaines comme Duke et Michigan, il préfère jouer pour le plus grand club du pays, le Maccabi Tel-Aviv. Selon les grands experts de la NBA (National Basketball Association), Deni est un candidat qui pourra compter parmi la crème de la crème des joueurs et est déjà considéré comme le meilleur joueur de toute l’Europe.

En 1952, Israël participe pour la première fois aux Jeux olympiques et se classe 20e sur 23 nations. Toutefois en 1953 à Moscou, Israël fait ses débuts de manière respectable avec 7 victoires et 4 défaites. En 1979, l’équipe nationale obtient sa première médaille d’argent suivie du championnat mondial (FIBA) en 1986 où elle termine 7e sur 24 pays.

Dans les jeux asiatiques, Israël brille avec des performances en terminant premier en 1966 et en 1974, deuxième en 1970 et est en compétition avec l’Iran qu’elle bat 97 à 55 en 1966. Refusant de jouer contre Israël, le Liban et l’Égypte déclarent alors forfait. Mais en 2017, Israël termine 21esur 24 pays européens (Eurobasket). Quand on inclut l’équipe des moins de 20 ans avec sa merveilleuse performance en 2018, on ne peut que se projeter vers un monde plein d’espoir pour le futur de ce grand sport national. En ce qui a trait aux clubs israéliens et leur représentation dans le monde, les performances sont plus solides, voire exceptionnelles pour ce petit pays.

Fondé en 1932, le club Maccabi Tel-Aviv est le club le plus décoré du pays en ayant été 43 fois vainqueurs de la Coupe d’Israël. Il est de surcroit le plus primé également des clubs israéliens au sein de la Ligue européenne en ayant gagné à six reprises. Ce qui fait de ce club, le plus grand ambassadeur du sport professionnel d’Israël à travers le monde. Sous la direction de leur meilleur joueur Tal Brody, et malgré les tensions politiques avec l’ex-URSS dans les années 70, Maccabi réussit, envers et contre tout, à battre en finale le club et favori de la compétition, le CSKA de Moscou. Je me rappelle encore aujourd’hui d’avoir suivi personnellement les grandes victoires lors des finales contre le Réal Madrid et le club italien Mobilgirgi Varese. Aujourd’hui encore, Maccabi Tel Aviv est et reste le club à battre autant en Israël qu’en Europe.

Quelques réalisations mondiales dans les Jeux olympiques

En judo, dans le cadre des Jeux olympiques, Israël se démarque en ayant gagné en 1992, à Barcelone, sa première médaille d’argent avec Yael Arad suivi d’une médaille de bronze pour Oren Smadja. En 2004 à Athènes, dans cette même discipline, Ariel Zeevi remporte la médaille de bronze et Gal Fridman obtient la seule et unique médaille d’or dans la discipline de la voile. En 2016 à Rio de Janeiro, Or Sasson décroche, en judo, la médaille de bronze contre un Égyptien qui refuse de lui serrer la main. On ne peut, en la matière, passer outre le massacre de onze athlètes israéliens à Munich par des terroristes palestiniens en 1972. Durant ces mêmes jeux, Mark Spitz un juif américain fracasse les records mondiaux de natation avec 7 médailles d’or. Plus jeune, à l’âge de 15 ans, il avait participé aux jeux des Maccabiades en Israël en 1965 où il remporta 4 médailles d’or. Rappelons que la première édition des Maccabiades a été inaugurée en 1932 avec 390 athlètes juifs du monde entier. Aujourd’hui, ces Jeux olympiques regroupant les juifs à travers le monde en Israël mobilisent plus de 7 500 athlètes juifs, une aventure exemplaire de sport et de solidarité.

Toute proportion gardée, Israël plus préoccupé par sa survie dans un environnement hostile a tout de même réalisé de merveilleuses performances sportives, le meilleur est encore à venir.

 

 

Notes:

  1. Voir www.amnonsuissa.com
  2. Par exemple, en août 2018, la jeune israélienne Linoy Ashram a récolté 2 médailles d’or et une de bronze lors de la coupe du monde de gymnastique rythmique à Minsk.
  3. Fondé en 1936, le Beitar est réputé pour n’avoir jamais intégré dans son équipe de joueur arabe sauf durant la saison 2012/2013 où l’oligarque et propriétaire russo-israélien du Beitar engagea pour la saison deux Tchétchènes musulmans. Ce contexte créa un tollé chez les fans purs et durs et un film documentaire de « Forever pure (Tehora Laad) » dénote cette attitude discriminative et le rapport paradoxal entre identité sportive et politique. Pour avoir dépeint le problème de manière constructive, ce film disponible sur Netflix a reçu un prix Emmy qui a été remis dernièrement à la jeune réalisatrice israélienne Maya Zinshtein (Zurich Flim Festival). Aujourd’hui, le nouveau propriétaire conçoit tout à fait normalement l’inclusion de joueurs arabes et musulmans si l’occasion se présentait.
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