Être jeune sépharade aujourd’hui à Montréal

Karen Aflalo

Karen Aflalo

Je suis diététiste de formation et Gestionnaire de Territoire chez Mead Johnson Nutrition pour la division des ventes médicales à temps plein, mais le bénévolat est ma seconde nature. Soucieuse et concernée par la relève communautaire, je suis impliquée dans plusieurs comités au cœur de la communauté, autant à la CSUQ qu’à la Fédération CJA. Pour moi, il n’y a ni clivage, ni préjugé valable quand on doit aider sa communauté au sens large du mot. Je représente la nouvelle génération de juifs Canadiens/Québécois motivés par le partage et soucieux de perpétuer la culture juive sous toutes ses facettes.

Je suis issue d’un environnement familial qui m’a permis de baigner dans l’esprit communautaire. Cette fibre a grandi en moi et a bénéficié des encouragements de la CSUQ pour se développer. Je me suis ainsi, progressivement, retrouver dans plusieurs comités, aussi motivants les uns que les autres, en plus de mon travail à plein temps. J’ai développé mon tempérament de leader au cœur de la CSUQ avec fierté, car j’ai pu voir et organiser des projets incroyables grâce à une équipe compétente de professionnels et dévouée pour m’aider à aboutir à de superbes résultats. Cette implication communautaire est une vraie satisfaction, car je crois en une communauté plus homogène où les aprioris s’atténuent avec la nouvelle génération.

La nouvelle génération est bilingue, fréquente les mêmes universités, les mêmes lieux de distraction et défend les mêmes causes. Je ne ressens plus le clivage connu par mes parents, car la plupart des différences n’en sont plus. Seule la motivation d’aider notre communauté pour la faire perdurer est essentielle pour les bénévoles ou professionnels de la CSUQ et la Fédération CJA. Ma richesse héréditaire sépharade est une partie de moi et mon ouverture d’esprit me permet de naviguer entre tous pour créer une équipe cohérente qui suit le même objectif : aider la communauté juive à prolonger ses traditions culturelles quelle que soit l’origine de chaque famille.

La clôture du cursus du Programme de Leadership par le voyage « Retour aux Sources » est une prise de conscience pour beaucoup qui se sont rendu compte de l’histoire des Sépharades dans l’histoire juive. Je pense que c’est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va et ce genre de voyage est un moyen de connaître profondément son identité.

En tant que femme sépharade en 2015, je suis comblée et fière d’être une membre de la communauté à part entière. Il est évident que de plus en plus les femmes se rendent disponibles pour les causes qui leur tiennent à cœur et je suis au milieu de cette évolution épanouissante et inspirante.

Karen Aflalo

Patrick Bensoussan

Patrick Bensoussan

Se définir comme sépharade aujourd’hui demeure certainement pertinent alors que les différences culturelles qui nous ont étaient transmises agissent sur notre comportement et notre vision à plusieurs niveaux. Cependant, la définition de cette culture pour notre génération s’en tient souvent qu’à la langue, la liturgie et la gastronomie! Pourtant, il est évident que notre éducation formelle et informelle a été grandement influencée par cette culture sépharade.

J’ai eu la chance de grandir dans un quartier entouré principalement d’ashkénazes alors que l’école Maimonide m’a gâté d’innombrables amis sépharades depuis mon tout jeune âge. Mes parents ont tout fait pour instaurer à la maison les plus belles valeurs tout en mettant les chances de leur côté au niveau de la culture alors que j’ai grandi à l’école Maimonide, passé les fêtes à la Congrégation Or Hahayim et pratiquement tous mes dimanches soirs au restaurant El Morocco!!

C’est peut être drôle, mais c’est bien autour de la table que la grande partie de notre patrimoine nous est transmis.

Notre voyage en famille au Maroc pendant un mois en 1994 a également fait lumière sur ma culture et mon héritage.

Les camps de notre communauté (Igloo et Benyamin) ont eu une grande influence sur mon apprentissage en tant que communautaire alors que les sports ont plutôt véhiculé des influences culturelles mixtes. Entre autres, les Jeux des Maccabiades m’ont permis de passer trois étés à côtoyer les deux grandes cultures juives montréalaises mais aussi les saveurs juives des quatre coins du globe.

Plus tard, mes fonctions de bénévole au Centre Hillel et les collaborations étroites avec le Hillel House pendant mes études post-secondaires m’ont réellement ouvert vers la culture ashkénaze. De surcroit, ayant une meilleure compréhension des différences, c’est alors que j’ai compris que notre génération devait absolument collaborer et échanger plus étroitement si nous voulions grandir davantage en tant qu’une communauté juive. Le but étant le même, la culture peut et doit être préservée si nous voulons tirer les avantages de chacune et aller de l’avant en force face à l’adversité mais surtout face au beau défi de vivre à Montréal en tant que Juif, dans un bain multiculturel ou chacun veut et doit prendre sa place.

Issu de parents d’un mariage mixte d’un père sépharade et d’une mère convertie au judaisme, j’ai eu la chance inouïe d’absorber le meilleur de la culture française de ma mère et de mes grands-parents (qui ont également joué un rôle si important dans mon éducation) ainsi que de la culture judéo-marocaine de mon père et sa famille. Il est certain que je vis mon sépharadisme bien différemment que les générations qui m’ont précédé. Nos parents ont tout d’abord vécu dans un milieu entièrement sépharade au Maroc alors que le sépharadisme que je vis aujourd’hui n’est qu’une partie de ma vie, de mon environnement. Je suis influencé par tant d’autres cultures au quotidien dont la culture québécoise qui influence grandement mes valeurs, mes opinions, mes loisirs, mes activités professionnelles et même culturelles.

L’histoire et l’environnement joue énormément sur une personne et donc sur une communauté. Lorsqu’un peuple change d’environnement, il essaye en général de garder l’essentiel et le plus beau de sa riche culture mais en perd certainement une grande partie alors qu’il doit s’adapter à sa nouvelle patrie. Tel est donc le cas pour nos parents. Il est évident qu’en tant que Canadien, des nouveaux intérêts ont pris la place ou même le dessus sur ceux tant bien que mal transmis par mes parents et ma communauté. Les valeurs changent également alors que socialement et politiquement notre monde change continuellement.

Je vois donc difficilement comment mes enfants ou du moins leurs enfants feront la distinction entre sépharades et ashkénazes, alors que les générations à venir seront d’après moi de plus en plus Canadiens… Juifs Canadiens. Malheureusement, la langue française qui est un atout important pour les Sépharades du Québec semble elle aussi se perdre avec le temps dans notre communauté à travers surtout les mariages et écoles mixtes (ashkénazes et sépharades). De nos jours, les influences religieuses participent également à la dissolution du sépharadisme mais je ne rentrerais pas là-dedans!

J’ai eu la chance de participer plus d’une fois au voyage « Retour aux Sources » organisé par les jeunes professionnels de la CSUQ. La chance inouïe de parcourir et revivre les traces de nos ancêtres en Espagne, au Portugal, au Maroc et même en Israel. Le succès de cette prise de conscience de l’importance de notre culture vient en premier lieu du guide touristique, spirituel, philosophique et religieux que nous avons eu lors de ces voyages : Le grand Rabbin Garzon. Cette expérience a certainement changé ma perception sur l’importance de notre riche culture et de la perpétuer. Malheureusement, peu de gens auront la chance de revisiter le passé de cette façon et nous risquons donc de manquer de motivation pour investir les efforts nécessaires pour garder cette culture bien en vie et influente sur les générations à venir.

Pour terminer, il serait important de préserver certains aspects de notre culture sépharade au fil du temps même si le temps lui-même ira à l’encontre de cette volonté.

Patrick Bensoussan

Ingénieur de formation et gestionnaire de projets de construction dans ma vie professionnelle, j’ai grandi dans les classes de l’école Maimonide et ai toujours participé activement à notre belle communauté depuis tout jeune.

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